« Je veux démontrer qu’avec de la volonté, tout est possible »

Une policière d’exception était à l’honneur à quelques jours de la Journée internationale des droits des femmes. La première inspectrice Marie-Dolores Mabuila a été décorée par le Parlement européen mercredi dernier aux côtés de six autres femmes. « Nous nous concentrons sur les femmes qui à un certain moment de leur vie, ont décidé de suivre leur rêve, de rompre avec les obligations traditionnelles autour d'elles, de défier les domaines à prédominance masculine, d'agir de manière respectueuse afin de donner l'exemple à toutes ces femmes qui n'osent pas (encore) faire entendre leur voix et développer leur potentiel », détaillent les membres du comité de l’European International Women’s Leadership Award 2022.

Ayant quitté le Zaïre âgée d’à peine quelques mois, Marie-Dolores a décidé assez rapidement de se tourner vers le métier de policière. «J’aimais son côté social et empathique. J’ai voulu m’y engager par conviction », nous confie-t-elle.

Sa carrière débute en 2002. « Ca n’a pas été facile. J’étais une femme et qui plus est, de couleur. J’ai dû faire mes preuves, affronter certaines remarques et me suis parfois retrouvée dans des bagarres lors de missions policières. Mais finalement, j’ai réussi à m’imposer. »

Après avoir été auxiliaire de police, elle passe le concours d’inspecteur et travaille à la zone de police Bruxelles CAPITALE Ixelles (PolBru), avant de se tourner récemment vers le service HRM de la Direction de la protection (DAP). « Depuis toujours, je regrettais de ne pas avoir poursuivi mes études entamées à l’université (un parcours en psychologie à l’époque, NdlR). C’est au détour d’une conversation avec mon chef à PolBru, le commissaire divisionnaire Yves De Hertog, que le sujet est arrivé sur la table. Il m’a demandé ce qu’il me manquait pour me relancer dans les études, je lui ai parlé d’un aménagement d’horaire. Il m’a répondu : ‘’pour moi, c’est ok !’’ Avec le commissaire Harold Pauwels, il a fait partie de mes supporters de l’ombre et je leur en suis très reconnaissante. »

Un rythme incroyable

Les longues journées allaient alors s’enchaîner pour Marie-Dolores. « Il faut savoir aussi que ma fille avait 8 ans à l’époque. J’arrivais donc à 6h30 pour la déposer à la garderie, j’allais ensuite par exemple travailler de 7h à 9h puis je fonçais à l’ULB pour mes cours avant de revenir au boulot l’après-midi et j’allais rechercher ma fille en fin de journée, vers 18h. C’était vraiment la course. Tous mes congés étaient destinés aux cours. J’ai pu d’ailleurs compter sur des crédits-temps qui m’ont bien aidés. Pour ma fille, ça n’a pas été facile tous les jours mais je pense que ça lui a aussi donné le goût des études », sourit-elle.

Après avoir réussi un master en criminologie en 2019, l’inspectrice ne s’arrête pas là. « Je voulais compléter ma formation avec un master en sciences politiques. J’avais en tête de devenir commissaire et voulais être la mieux formée. J’ai donc achevé ce master d’un an l’année dernière.»

A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la première inspectrice Mabuila tient à adresser un message. « Beaucoup pensent qu’elles n’y arriveront pas mais je veux démontrer qu’il ne faut jamais désespérer. Même à 40 ans, on peut reprendre des études. Avec de la persévérance, on arrive à tout ! »

Très touchée par le prix

« Apprendre que je recevais ce prix m’a énormément touchée. J’en ai pleuré. C’est pour moi la reconnaissance de tout un parcours qui n’a pas été facile ». Marie Dolores tient à remercier le parlementaire qui a présenté sa candidature pour l’European International Women’s Leadership Award. « On s’est rencontré lors d’un stage au Parlement européen et on s’est recroisé 20 ans après. Il m’a reconnue et nous avons échangé sur la reprise des études. Il m’a lui aussi beaucoup encouragée ! »

Regardez la vidéo ci-dessous réalisée dans le cadre de la remise des European International Women’s Leadership Awards 2022 avec comme thème la Journée internationale des droits des femmes.