Alarme harcèlement : alerter la police grâce à un simple bouton

Développée dans le cadre de la lutte contre la violence intrafamiliale et présentée officiellement ce lundi 14 mars à la presse, l'alarme harcèlement permet une intervention rapide de la police et des services de secours. Au moyen d'une simple pression sur un bouton, les victimes peuvent prévenir la centrale d'urgence et éviter un drame.

Alarme harcèlement : alerter la police grâce à un simple bouton

Dans notre pays, les femmes sont exposées de manière disproportionnée à la violence intrafamiliale, un problème trop souvent négligé dans notre société. Pour de nombreuses femmes, le cauchemar se poursuit même après une séparation. La police enregistre chaque année plus de 20 000 plaintes pour des faits de harcèlement, et il ne s’agirait là que de la partie visible de l’iceberg. L'immense majorité de ces faits sont commis par des ex-partenaires. Ceux-ci sont des hommes qui tentent désespérément de recoller les morceaux, utilisent la contrainte pour obtenir des explications ou cherchent à se venger. Souvent, le harcèlement s'accompagne de violence physique. Selon les statistiques, le risque de subir des violences physiques est le plus élevé pour les femmes qui en ont déjà été victimes au cours de leur relation. Dans certains situations, la vie des victimes est réellement en danger. Une femme sur cinq en Belgique a déjà été confrontée à de la violence intrafamiliale.

 

Intervenir directement

Le gouvernement se bat sur tous les fronts pour briser la spirale de la violence sexuelle et de la violence dans le couple. L'alarme harcèlement constitue l'un des outils du vaste arsenal disponible en la matière. Déployé dans un premier temps dans les provinces de Flandre orientale et de Flandre occidentale, le dispositif sera bientôt accessible à toutes les zones de police et à tous les parquets qui souhaitent l'utiliser. L'alarme harcèlement a été présentée officiellement à la presse à Audenarde, car la zone de police Vlaamse Ardennen joue un rôle de pionnier dans ce projet.

La zone de police de Gand expérimente depuis 2019 un système d'alarme mobile anti-harcèlement dans le cadre d'un projet pilote. Il s'agit d'un bouton physique connecté au smartphone de la victime. Celui-ci envoie alors immédiatement un appel à la centrale d'urgence, en précisant sa localisation. La police peut intervenir sur le champ et empêcher un drame. Le projet pilote a été coordonné par l'Institut pour l'égalité des femmes et des hommes (IEFH), en collaboration avec la police de Gand et le parquet de Flandre orientale. À la fin de l'année passée, ce système a fait l'objet d'une évaluation positive de la part de l'ensemble des partenaires impliqués.

 

Un effet dissuasif

Selon les chiffres relatifs à l'alarme mobile anti-harcèlement à Gand, il apparaît que les victimes sont principalement des femmes âgées de 30 à 40 ans. Tous les harceleurs étaient des hommes. Au cours des quatre dernières années, 40 femmes ont reçu un dispositif d'alarme harcèlement, ce qui a donné lieu à une vingtaine d'alertes suivies d’une intervention. Lors de l'évaluation, il est ressorti que ce projet offrait des avantages indéniables. Ainsi, l'agresseur ne voit pas que la victime appelle la police, puisque le bouton est caché, par exemple dans la poche de sa veste. En moins de 10 minutes, la police est sur place pour mettre la victime et ses enfants en sécurité. Pas moins de 89,6 % des femmes se sentent nettement plus en sécurité grâce à cette alarme. En moyenne, l'alarme harcèlement n'était plus nécessaire au bout de six mois. Ensuite, 70 % des victimes n'ont plus porté plainte, ce qui pourrait indiquer que l'alarme harcèlement a un effet dissuasif.

Vincent Van Quickenborne, vice-Premier ministre et ministre de la Justice : "L'alarme harcèlement est un outil utile pour la police et le parquet, car elle permet d'intervenir rapidement et adéquatement, avant que le harcèlement ne vire au drame. Pour les victimes, l'alarme offre protection, sécurité et sérénité. Mais ce n'est pas la panacée. Ce gouvernement se bat sur tous les fronts contre la violence sexuelle et intrafamiliale."

Face au succès de ce dispositif, le vice-Premier ministre et ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne, la ministre de l'Intérieur, des Réformes institutionnelles et du Renouveau démocratique Annelies Verlinden et la secrétaire d'État à l'Égalité des genres Sarah Schlitz ont décidé de déployer progressivement l'alarme harcèlement dans tout le pays.

Les personnes qui souhaitent y avoir recours peuvent en faire elles-mêmes la demande à la police. Les victimes peuvent également être orientées par les services sociaux, tels que les centres flamands d’aide sociale (CAW) et les CPAS. Une fois le dossier constitué, les différents parties examinent, en collaboration avec la victime, l'utilité de l'alarme harcèlement dans son cas précis. Ainsi, tout contact volontaire entre la victime et l'auteur est interdit, sauf dans le cadre du droit de visite des enfants.

Joost Duhamel, chef de corps de la zone de police Vlaamse Ardennen : "Lors d'une alerte harcèlement, une action rapide et adéquate des services de police est essentielle pour protéger l'intégrité physique de la victime."

 

Un combat sur tous les fronts

L'alarme harcèlement n’est qu’une des mesures mises en œuvre dans le cadre de la lutte contre la violence intrafamiliale et sexuelle. La réforme du droit pénal sexuel proposée par le ministre Vincent Van Quickenborne sera votée au Parlement cette semaine. Dans l'intervalle, six centres de prise en charge des victimes de violences sexuelles (CPVS) ont été ouverts, et quatre autres devraient l'être au cours des mois à venir. De plus en plus de parquets appliquent les mesures – efficaces – d'interdiction temporaire de résidence. Actuellement, la première version d'un outil d'évaluation des risques est en cours d'amélioration. Cet outil analyse les facteurs de risque et alerte les parquets lorsqu'ils doivent intervenir rapidement.

Un outil numérique d'évaluation des risques est par ailleurs en cours de développement. Dans ce cadre, une analyse approfondie des informations dont disposent les différents services est effectuée. Lorsqu'elle constatera des faits de violence, la police parcourra la check-list digitale et l'application pourra ainsi communiquer des situations à risques alarmantes à la justice et aux autres services concernés. Par ailleurs, les formations sur la violence intrafamiliale et sexuelle organisées à l'intention des magistrats et des services de police vont revêtir une importance encore plus grande.