Commémoration de l'accident de car à Sierre : souvenirs d'une collaboration internationale marquante

Ce 13 mars 2022, nous commémorerons les 28 victimes tragiquement décédées il y a dix ans lors d’un accident de car à Sierre, en Suisse. Le travail d’identification des victimes, dont de nombreux enfants belges, a marqué à jamais les esprits de nos collègues partis sur place mais aussi donné lieu à une collaboration exceptionnelle entre les services de police suisses et belges.

Commémoration de l'accident de car à Sierre : souvenirs d'une collaboration internationale marquante

« Presque la totalité de la Section Identité Judiciaire de l’époque a été impliquée, de près ou de loin, » commence le lieutenant-colonel Markus Rieder, Chef Unité Communication et Prévention du Canton du Valais. « Cela représente 12 personnes. Nous avons été appuyés dans nos missions par le DVI suisse et le DVI belge ainsi que par nos partenaires du Centre universitaire romand de médecine légale. »

« Nos missions ont été la fixation de l’état des lieux et l’identification formelle des victimes, » continue Markus. « Celle-ci s’est très bien déroulée. Nous avons été chanceux d’avoir pu bénéficier de l’aide directe d’un groupe du DVI belge. Avoir sur place des collègues du pays de la majorité des victimes nous a beaucoup aidé. Même si nous nous sommes côtoyés que quelques jours, l’intensité de la mission a permis de créer des liens particuliers. »

Dix ans après, le drame reste encore très présent dans les esprits des collègues suisses. « Il s’agit d’un des évènements les plus importants de ces dernières années pour notre canton. De par sa nature, son impact, il reste évidemment bien ancré dans nos esprits et le restera encore certainement longtemps, » conclut le lieutenant-colonel Rieder.

« Les teams DVI du monde entier travaillent selon des protocoles internationaux identiques établis par Interpol.

La collaboration a ainsi été facilitée. »

La première commissaire Tatiana Ivaneanu, de la Direction de coordination et d’appui de Flandre orientale, était l’une de six membres du team belge. « En plus des six membres du DVI, nous en avions également un septième, issu du Stressteam », explique la première commissaire. « Pendant que nous travaillions sur place avec nos collègues suisses, des membres du team DVI (policiers et dentistes médico-légaux, ndlr) participaient également à l’enquête depuis la Belgique. Ils avaient pour mission de contacter les dentistes, médecins et mutualités, afin de faciliter l’identification. »

« Le processus d’identification a été très difficile », poursuit Tatiana. « Les parents étaient partis à Sierre avec nous. Au départ, nous étions là pour identifier les victimes. Nous avons toutefois rapidement remarqué que les gendarmes suisses n’étaient pas habitués à procéder à des examens ante-mortem, et nous avons donc décidé de les aider. Heureusement, nos collègues du DVI suisse sont arrivés très rapidement sur les lieux pour effectuer le travail d’identification post-mortem. Les teams DVI du monde entier travaillent selon des protocoles internationaux identiques établis par Interpol. La collaboration a ainsi été facilitée. D’ailleurs, nous connaissions déjà un petit peu nos collègues. Nous nous étions en effet déjà rencontrés lors des réunions DVI annuelles organisées au niveau d’Interpol. Notre mission commune a donc été d’atténuer au plus vite la souffrance et de répondre aux interrogations des parents. »

Mais l’incident a eu un lourd impact sur les membres du team. Certains ont changé de fonction, au sein ou en dehors du DVI, voire de la police. Tatiana a elle aussi quitté le noyau permanent du DVI, et travaille à présent à la DCA de Flandre orientale. « Étant moi-même maman de deux jeunes enfants, j’ai très bien compris les sentiments des proches et le traumatisme d’un tel événement. Cela a laissé des traces. Heureusement, un membre du Stressteam nous avait accompagnés à Sierre. Nous avons par la suite effectué un débriefing opérationnel, mais aussi émotionnel, avec l’appui du Stressteam. L’appui psychologique lors d’événements traumatisants est un pilier important et extrêmement précieux. Pareilles catastrophes marquent durablement, même des personnes spécialement formées. »

Un autre aspect important aux yeux de la première commissaire Ivaneanu concerne le suivi des survivants et des proches. « Il a fallu beaucoup de temps au team DVI pour associer chaque effet personnel et chaque bagage à son propriétaire. Parfois on en vient à se demander si cela a un sens. Mais il y a quelques semaines, en regardant la série Niets gaat over sur Één (une série en six épisodes diffusée sur la première chaîne de la VRT dans le cadre de la commémoration de l’accident de Sierre, ndlr), j’ai entendu une fille ayant survécu à l’accident dire qu‘elle avait été très heureuse de récupérer son journal intime. Après l’émission, je l’ai contactée pour lui dire que cela m’avait fait du bien de l’entendre, que notre travail avait signifié quelque chose pour elle. »

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