Un réseau de prostitution nigérian sous les verrous

BRUXELLES, 10/06/2016. - Le mardi 7 juin 2016, le service « traite des êtres humains » de la police judiciaire fédérale de Bruxelles a mené une opération de grande ampleur ayant pour cible un réseau nigérian qui, depuis plusieurs années déjà, organisait un large trafic de jeunes filles nigérianes entre Benin City et la Belgique ainsi que d'autres pays d'Europe (Italie, France…), à des fins d'exploitation et de prostitution.



Au cours de cette opération, les cinq responsables nigérians du réseau résidant en Belgique ont pu être arrêtés. L'enquête portant sur les activités criminelles de l'organisation était en cours depuis plusieurs mois déjà. Elle a révélé que, depuis plusieurs années, un grand nombre de jeunes filles nigérianes étaient recrutées à Benin City (Nigeria) et dans la région.



À Benin City, des rabatteurs négociaient le prix des jeunes filles avec les familles de ces dernières. Les montants concernés pouvaient atteindre entre 30.000 et 45.000 euros par fille. Une fois « l'accord » conclu, les filles étaient emmenées par la route et par petits groupes jusqu'en Libye, dans la zone côtière à proximité de Tripoli. La traversée du désert était une véritable épreuve pour les victimes. Durant tout le trajet, des intermédiaires appartenant à l'organisation se sont relayés pour emmener les jeunes filles jusqu'à destination.



Après quelques semaines, elles ont finalement atteint la côte libyenne, où d'autres intermédiaires du réseau les attendaient pour les prendre en charge dans l'attente d'effectuer illégalement la traversée de la mer Méditerranée à bord de bateaux de réfugiés. Durant leur séjour le long de la côte libyenne, les filles ont été à nouveau abusées sexuellement et ont subi de nombreuses privations.

En général, les bateaux de réfugiés étaient interceptés par les garde-côtes italiens et les filles se retrouvaient alors dans des camps.



L'organisation criminelle faisait alors en sorte que les filles soient sorties de ces camps et recueillies par d'autres Nigérians séjournant en Italie. Les filles devaient ensuite séjourner quelques jours ou quelques semaines à différentes adresses en Italie dans l'attente de la confection de faux documents.



Grâce à ces documents, elles étaient ensuite emmenées jusqu'à Bruxelles, où les attendaient les membres de la branche belge du réseau. La proxénète nigériane et ses deux assistants obligeaient presque immédiatement les filles à se prostituer en rue ou dans des cafés.



Dans le milieu nigérian, il était connu de longue date qu'un Nigérian domicilié à Bruxelles avait transmis le numéro de téléphone de l'organisation à des « madames » (maquerelles) nigérianes de Benin City désireuses de « commander » des filles et de les faire venir illégalement.



L'enquête a démontré que plusieurs dizaines de filles nigérianes ont été exploitées et forcées à se prostituer par ce réseau. Les filles « travaillaient » en Belgique, en France et en Italie. Les enquêteurs belges ont permis de sauver 10 filles de la prostitution. Elles ont été prises en charge dans des centres d'accueil spécialisés. Les filles recrutées au Nigeria sont jeunes, voire très jeunes (14-15 ans) et concluent un accord avec l'organisation dans l'espoir d'une vie meilleure pour elles-mêmes et leurs familles.



L'intégralité des gains générés par l'organisation sont transférés au Nigeria.

Les enquêteurs de la police judiciaire fédérale de Bruxelles se concentrent à présent sur les suspects et leurs complices au Nigeria et en Italie, afin de démanteler l'ensemble de l'organisation.


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