Plus de 150 millions de colis et combien cachant de la drogue ?
Alors que se tient la Journée mondiale contre l'abus et le trafic de drogues, faisons le point avec le premier commissaire Marc Vancoillie sur un phénomène difficile à quantifier : la drogue cachée dans des colis postaux.
Même s’il est compliqué à repérer, le phénomène représente une réelle préoccupation pour la police et les douanes. « On peut retrouver de la drogue dans des vêtements, des ordinateurs, de la nourriture, des jouets, … Mais heureusement, de plus en plus de monde se rend compte de l’ampleur de la problématique et les partenariats se multiplient », explique le premier commissaire Marc Vancoillie, responsable du service Drogues à la DJSOC.
Depuis 2019, DJSOC Drogues mène le projet « Postkoets » (ou Diligence) en étroite collaboration avec la PJF Halle/Vilvoorde, le Parquet de Halle/Vilvoorde et les douanes. Actuellement géré par DJSOC Centrex Drogues, il a permis de tisser de nombreuses collaborations afin de faire face à l’ingéniosité du milieu de la drogue. « De plus en plus de zones de police et d’arrondissements y consacrent des moyens. Le récent dossier qui a démarré par la prise de 5 kilos de marijuana envoyés par colis depuis l’Espagne et s’est terminé l’an dernier par la saisie totale de… quelque 3,5 tonnes de drogue réparties en plusieurs centaines de paquets, et l’arrestation de criminels chinois, a permis de se rendre compte de l’étendue du phénomène. »
Dernièrement, une saisie de MDMA vers l'Australie.
Un échange continu d’informations
Mais avec 151 millions de colis envoyés depuis des pays situés hors Union européenne vers la Belgique rien qu’en 2022, y cacher de la drogue reste tentant pour les trafiquants. « Nous luttons contre le phénomène en multipliant les échanges avec les douanes et les sociétés de transports. Et en interne police, nous sommes en contact avec les officiers de liaisons mais aussi avec les Services d'information et de communication des arrondissements (SICAD), les PJF et les zones de police.»
En novembre 2021, Marc Vancoillie a également initié une formation internationale d’une semaine dédiée au trafic de drogue via les services postaux et les entreprises de livraison de colis, sous l’égide du Collège européen de police (CEPOL) et en collaboration avec les services des douanes. « Elle a eu lieu au départ à Leipzig durant deux ans et l’an passé, aux Pays-Bas. Cette année, nous accueillons tous les acteurs à Bruxelles en septembre prochain. On y retrouve à la fois les douanes mais aussi des policiers et des représentants d’Europol, Eurojust, des officiers de liaison d’Australie, des Etats-Unis, d’Angleterre, … Nous avons beaucoup d’intéressés. »
Les résultats de la saisie australienne ...
S’organiser face aux nouvelles drogues
Le 26 octobre dernier a également eu lieu une journée de formation en néerlandais en coopération avec le Secrétariat général de l'Union Benelux et à destination des magistrats, des collègues des services de police locaux et fédéraux, des douanes de Belgique et des Pays-Bas afin de les sensibiliser
à l’envoi de drogue par colis postaux. « Ici, nous avons ciblé les néerlandophones. Mais nous voudrions proposer la même chose prochainement pour les francophones, à Bruxelles et en Wallonie. »
Si le phénomène d’envoi de drogue cachée dans des colis s’observe pour l’instant davantage en Flandre, un chiffre noir existe. « Malgré des prises régulières, on ignore évidemment combien de kilos sont passés entre les mailles du filet… »
Tandis que la kétamine, venue d’Inde, prend de plus en plus de place sur le marché, l’après Covid ne rassure pas Marc Vancoillie. « Les gens font de nouveau la fête et donc consomment, notamment en festivals… Avant, l’ecstasy était très demandée mais à présent, la kétamine grimpe en flèche. Et cette drogue présente de grands dangers, notamment d’AVC et de crises cardiaques... »