Les statistiques de criminalité 2023 ont été dévoilées

Ce 25 juin, la Police Fédérale a publié les statistiques policières de criminalité pour l’année 2023. Au total, les services de police ont enregistré 902 059 faits criminels durant l’année écoulée, soit un statu quo (+0,2 %) par rapport à 2022 (899 929 faits). La majeure partie (30 %) des infractions enregistrées concerne des faits de vol et extorsion (271 388 faits). 

Les statistiques de criminalité 2023 ont été dévoilées

Globalement, les chiffres restent relativement stables en comparaison avec 2022 (+1,4 %). La fraude par Internet fait partie des infractions affichant une baisse significative.
 

Depuis l’année 2000, la Police Fédérale recense le nombre total de faits enregistrés par la Police Locale et la Police Fédérale dans la Banque de données nationale générale (BNG). Ces chiffres permettent de mettre en évidence l’évolution de la criminalité en Belgique au cours des dernières années. Il convient toutefois de les interpréter avec toute la prudence nécessaire : une augmentation des enregistrements d’un certain type de crime ne signifie pas forcément que celui-ci se produit plus souvent. L’augmentation peut aussi bien résulter d’une plus grande propension de la population à déclarer les faits, d’actions policières plus ciblées, d’une évolution des techniques d’enquête ou d’un changement dans la législation. 

En 2023, la Police Locale et la Police Fédérale ont dressé des procès-verbaux concernant 902 059 faits criminels.  Il s’agit d’un statu quo (+0,2 %) par rapport à 2022 (899 929). Les infractions routières ne sont pas comptabilisées ; elles font l’objet d’un compte rendu distinct.


Cambriolages dans les habitations : tendance à la baisse
Les tentatives ou faits accomplis de vol et extorsion (271 388) sous diverses formes (cambriolages dans des bâtiments, vols de véhicules, vols avec violence, etc.) représentent la majeure partie des infractions enregistrées (30 %). Si l’on note une légère hausse par rapport à 2022 (+1,4 %), force est toutefois de constater qu’en comparaison avec la période pré-Covid (311 611 faits en 2019), la tendance est nettement à la baisse (-12,9 %).

Plus spécifiquement, les (tentatives de) cambriolages dans des bâtiments affichent une diminution significative, totalement imputable à la baisse du nombre de cambriolages dans des habitations, passé de 40 579 en 2022 à 37 460 en 2023 (-7,7 %). Concernant ces derniers, il s’agit du chiffre le moins élevé jamais enregistré, si l’on excepte 2020 et 2021, lorsque les mesures sanitaires ont largement pesé sur les statistiques de criminalité. Malgré cette baisse, les cambriolages dans des habitations demeurent une priorité pour les services de police, eu égard à leur impact sensible sur le sentiment de sécurité des citoyens. 38 % des enregistrements concernent des « tentatives d’effraction ».

Vols de véhicules : statu quo
Par rapport à 2022, le nombre de véhicules volés reste plus ou moins stable concernant les voitures (de 5 377 vols en 2022 à 5 727 vols en 2023), les motos (de 914 à 890 vols) et les mobylettes (de 2 639 à 2 730 vols).

En ce qui concerne les vols de vélos, on constate même une légère diminution (-1 111 faits, soit -3,6 %). Un total de 29 763 vols de vélos ont ainsi été enregistrés en 2023, pour 30 874 en 2022. Concernant ce type particulier d’infraction, une plateforme nationale d’enregistrement des vélos, Mybike, a été lancée en avril 2023. Celle-ci permet à chacun et chacune en Belgique d’enregistrer et d’identifier son vélo au moyen d’un sticker unique. Ce sticker est susceptible de dissuader les voleurs potentiels. Qui plus est, ce registre centralisé permet à la police d’identifier et de contacter immédiatement les propriétaires légitimes.

Forte progression des vols à la tire et à l’arraché
Le vol à la tire fait partie des formes de vol connaissant une hausse substantielle (+13,1 %). En 2023, les services de police ont enregistré 27 083 vols à la tire, soit une augmentation de 3 128 faits. Ces chiffres viennent confirmer la tendance à la hausse enclenchée en 2018, qui avait toutefois été interrompue en 2020 et 2021 lors de la période Covid.
 
Cette augmentation est principalement perceptible en Région de Bruxelles-Capitale (+2 810 faits ou +19,6 %). La plupart des faits de vol à la tire sont commis sur la voie publique, ainsi que dans les gares et les stations de métro.

Les vols à l’arraché (5 561) et les vols à l’étalage (24 021) affichent eux aussi une hausse, respectivement de 15,7 % et 3,2 %.

La fraude par Internet s’essouffle, mais...
Ces dernières années, la fraude par Internet a suivi une nette tendance à la hausse, avec un quasi triplement du nombre de faits entre 2017 (14 174) et 2022 (41 911). En 2023 (40 040 faits), une légère diminution a été observée pour la première fois (-4,5 %).

Cette infraction englobe différentes formes d’escroqueries (ou tentatives) commises via Internet : fraude dans le cadre de ventes et achats en ligne (p. ex. : achat en ligne d’un article qui n’est jamais livré), fausse loterie, fraude à l’émotion (fausse œuvre caritative ou fraude à l’amitié), fraude à l’identité (vol et abus), etc.
 
À l’heure de la digitalisation de la communication et des paiements en ligne, ce déclin est paradoxal. Le citoyen est-il devenu plus attentif à ce type de fraude ? Les actions de sensibilisation et les campagnes de prévention ont-elles eu un effet ? Ou les victimes ont-elles été moins enclines à porter plainte ? Le nouveau Moniteur de sécurité peut nous éclairer sur cette dernière question.

Harcèlement (stalking)
En 2023, la tendance à la hausse relative au nombre de faits de harcèlement enregistrés s’est poursuivie (+6,8 %). Depuis 2017 (21 417), ce nombre a augmenté de plus d’un quart, pour atteindre 27 833 faits.
 
Le harcèlement ou stalking est une atteinte grave à la tranquillité d’une personne, alors que l’on savait ou aurait dû savoir qu’un tel comportement pouvait avoir cet effet. Souvent, le harcèlement est le prélude à un crime plus grave.

Depuis décembre 2023, l’alerte mobile au harcèlement est déployée à l’échelon national. Il s'agit d’une mesure de protection pour les victimes de violence domestique, au même titre que l’interdiction temporaire de résidence, l’interdiction de contact et la non-divulgation de l’adresse de résidence. En appuyant sur un bouton lorsqu’elle se sent menacée, la victime prévient discrètement la police via la centrale d’urgence.

Attention : tout comme l’an passé, nous incitons à la prudence lorsqu’il s’agit de comparer des statistiques relatives à des faits de mœurs. La réforme de 2022 du droit pénal sexuel est allée de pair avec un autre mode d’enregistrement des procès-verbaux pour délits de mœurs, nécessitant un certain temps d’adaptation. Cette situation se reflète dans les statistiques de criminalité. Ces dernières années, la police, la Justice et leurs différents partenaires ont uni leur efforts pour poursuivre la professionnalisation de l’approche qualitative des délits de mœurs, d’une part, et l’accueil des victimes, d’autre part, notamment en continuant à développer les centres de prise en charge des victimes de violences sexuelles. 

Annelies Verlinden, ministre de l’Intérieur démissionnaire : « La lutte contre la criminalité est un défi que la Police Fédérale et les corps de la Police Locale doivent relever jour après jour. Leurs efforts ne sont toutefois pas vains, notamment en matière de cambriolages dans les habitations. Depuis la cartographie des groupes d’auteurs itinérants dans un contexte international jusqu’à la sensibilisation et la prévention, tous les maillons sont importants dans la voie du succès. Nous constatons du reste certaines tendances et évolutions nécessitant une attention particulière, essentiellement dans le domaine de la cybercriminalité. Veiller à notre sécurité virtuelle est un défi de taille dont l’ampleur ne fera que croître parmi l’éventail déjà très large des missions de la Police et de la Justice. »

Paul Van Tigchelt, ministre de la Justice démissionnaire : « Les statistiques criminelles fluctuent sans cesse. La Police et la Justice doivent suivre de près la situation et procéder à des ajustements si nécessaire. Si le nombre de cambriolages diminue, les vols à la tire, à l’arraché et à l’étalage sont, quant à eux, en augmentation. Certaines mesures prises récemment telles que les amendes immédiates pour les vols à l’étalage, les procédures accélérées pour certaines personnes arrêtées ou l’application de courtes peines d’emprisonnement offrent une réponse partielle. La police se doit toutefois d’être davantage visible dans la rue. En ce qui concerne l’enregistrement des faits criminels par Internet, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions. La lutte contre le phishing, dans le cadre de laquelle les services de sécurité commencent à agir plus rapidement, voire automatiquement afin de protéger les victimes, doit rester l’une des priorités principales de la Police et de la Justice. »

Tous les chiffres* et de plus amples explications sur les tendances à la hausse et à la baisse sont disponibles sur www.police.be/statistiques/fr/.
 
* Ces chiffres de 2023 reposent sur les PV judiciaires enregistrés dans la Banque de données nationale générale (BNG) au 19 avril 2024. Une infime augmentation n’est donc pas à exclure, par exemple en cas d’enregistrement tardif de PV pour des faits survenus en fin d’année. Certains faits, par exemple en matière de mœurs, ne sont pas toujours signalés immédiatement à la police.

 

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