L'arnaque à la conférence

Nous évoquions la semaine passée la dispersion des données professionnelles sur les réseaux sociaux spécialisés qui font des titulaires des profils une des cible de choix. Et les arnaqueurs du net sont aussi très friands de ces données.

C'est notamment le cas pour pouvoir construire ce qui est désormais appelé l'arnaque à la conférence.Une arnaque qui existe depuis plusieurs années, notamment au Canada mais qui trouve à se renouveler en raison de l'actualité et notamment de l'expansion du virus Ebola.

Appelons-le Nicolas. Il travaille pour une société pharmaceutique connue. Dans son profil Linkedin, il précise qu'il joue notamment un rôle dans la distribution des produits de sa société. Il est contacté par Estella. Elle est chirurgienne et travaille pour une ONG connue. Elle est actuellement au Sénégal où elle met en place des plans de prévention et d'éducation tenant compte de la situation sanitaire actuelle en Afrique. Elle lui explique qu'elle cherche à mettre en place un canal rapide d'expédition de médicaments pour faire face à une éventuelle épidémie.

Nicolas lui répond et lui détaille les procédures existantes. Les mails se succèdent. Estella lui fait parvenir des photos du centre dans lequel elle est active. Elle en arrive à proposer à Nicolas de quitter la sphère professionnelle et de visiter sa page Facebook. Il s'étonne. Les dernières mises à jour ont plusieurs semaines. Elle confirme mais explique que, là-bas, au Sénégal, l'équipe doit se partager un seul ordinateur et que donc, les mises à jour, elle les effectue quand elle est de passage en France.

De jour en jour, Estella se montre plus entreprenante. Elle parle d'elle. Célibataire (donc libre, se dit Nicolas), fille d'ex-diplomate (donc riche), chirurgienne (donc intelligente), travaille dans une ONG (donc gentille), directrice (donc position sociale intéressante), basket/natation (donc sympa physiquement)… et en plus elle prend du "plaisir" rien qu'à échanger avec lui. Voilà qui s'annonce bien. Elle signale à Nicolas sa venue à Paris pour une conférence. Elle explique avoir envie de le rencontrer. Et lui, un peu seul pour l'instant, mord à l'hameçon.

Elle lui propose de s'inscrire via le secrétariat de l'ONG. Il doit juste s'assurer de son transport. Il s'exécute. Sur le site dont elle lui a fait parvenir le lien, on demande à Nicolas de remplir un formulaire, de joindre une copie de sa pièce d'identité, une photo pour le badge d'accès et de verser une somme de 395 € qui couvriront l'avance pour l'hôtel et l'organisation. Après, évidemment, plus de nouvelles.

Vous l'avez compris, en plus de la perte de la somme en question, il a fourni des données d'identité qui vont permettre aux arnaqueurs de se faire passer pour lui. Prudence, dès lors, avec toutes ces sollicitations.

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