Les experts en criminalité informatique de la Police Judiciaire Fédérale passent à la vitesse supérieure
Alors que, plus de trois ans après le décryptage du réseau de communication SKY ECC, de nombreux enquêteurs retirent encore les fruits de cette opération novatrice dans la lutte contre le trafic de drogue international et la criminalité organisée, des experts en décryptage et en intelligence artificielle (IA) de la Police Judiciaire Fédérale ont le regard déjà tourné vers l’avenir avec le projet européen ULTRA.

Les technologies innovantes mettent constamment nos experts à l’épreuve. Dans ce cadre, ULTRA peut être un allié.
« Nous constatons que les réseaux criminels utilisent des outils de plus en plus complexes pour communiquer. Depuis que la police est parvenue à ‘craquer’ SKY ECC, les criminels ne misent plus sur un seul système ou un seul appareil, mais sur plusieurs, dans l’espoir de rester sous les radars et de nous compliquer la tâche lorsque nous tentons d’intercepter ou de pirater leurs communications », explique la conseillère Ellen Vandenbogaerde, recrutée en décembre 2023 par la PJF d’Anvers afin de mener à bien le projet ULTRA.
Une belle entrée en matière pour cette femme issue du monde académique. « J’ai été très surprise de constater à quel point les réseaux criminels maîtrisent les applications technologiques et à quel point il est absolument nécessaire que la police investisse dans ce domaine. Je suis du reste très impressionnée de voir ce dont les experts de la CCU sont capables, par exemple la façon dont ils parviennent à récupérer des traces numériques. Le champ d’application d’ULTRA consiste désormais à élargir notre expertise en matière de décryptage ».
ULTRA s’inscrit dans la stratégie DGJ 3.0 de la Police Judiciaire Fédérale, où l’innovation bénéficie d’un soutien essentiel et s’intègre de manière permanente dans le fonctionnement. La Regional Computer Crime Unit (RCCU) de la PJF d’Anvers pilote le « décryptage » dans ce cadre innovant. L’ensemble des Computer Crime Units sont également parties prenantes.
La quête de méthodes, tactiques et techniques d’enquête plus efficaces et de meilleure qualité fait partie de l’ADN de la Police Judiciaire Fédérale. « Au sein des CCU, nous recherchons et testons des mécanismes et des technologies qui apportent une valeur ajoutée opérationnelle concrète et font gagner du temps aux enquêteurs. Le projet européen ULTRA s’inscrit parfaitement dans ce cadre », déclare le commissaire Christophe Van Bortel.
ULTRA s’adresse aux experts en décryptage et en IA de toutes les CCU et aux enquêteurs spécialisés en Belgique et à l’étranger. Il s’agit d’un projet extra-muros à dimension européenne. « Nous unissons nos forces avec le monde académique et plusieurs services de police étrangers. Nous sommes très pragmatiques : nous regardons qui maîtrise quelle technologie et comment nous pouvons en exploiter les avantages. Nous savons, par exemple, que les collègues de la Nederlandse Nationale Politie disposent du savoir-faire pour lire un smartphone de A à Z. Pourquoi chercherions-nous à réinventer l’eau chaude alors que cette expertise est présente ailleurs ? Cet aspect transfrontalier est un des atouts d’ULTRA ».
Des recrutements en temps record
Un effet secondaire positif du fonctionnement du projet ULTRA, qui bénéficie d’un cofinancement européen, est la brièveté et l’attractivité du processus de recrutement.
Originaire de Flandre occidentale, Ellen Vandenbogaerde a troqué son poste de chercheuse et chargée de cours en sécurité sociale à la Hogeschool Vives pour celui de coordinatrice de projet à Anvers : « Mon souhait était d’être davantage impliquée dans la pratique et d’avoir un impact plus conséquent. »
Dans son sillage, trois ingénieurs ont rejoint la Computer Crime Unit. Un recrutement salué par le commissaire Christophe Van Bortel. « Nous avons besoin de profils hyperspécialisés. Ils augmentent – pour l'instant temporairement, il est vrai – notre capacité d’enquête digitale. Cela permet aux enquêteurs de se concentrer davantage sur le volet tactique. Il s’agit là d’une belle synergie qui, je l’espère, se poursuivra au-delà du projet ! »
Les candidats au poste d’expert digital ne manquent pas. « Toutefois, beaucoup abandonnent en raison de la longueur du processus de recrutement et de formation », conclut Christophe. Il plaide en faveur de recrutements plus rapides, même si « les personnes qui souhaitent travailler à la police finiront par arriver jusqu’à nous. Et ça, c’est déjà positif ! »
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