Jeune en crise : l’intervention physique progressive

Lorsque les techniques de communication non violentes n’ont pas pu désamorcer la colère d’un jeune et que l’escalade de la violence est enclenchée, l’intervention physique progressive peut être une solution pour calmer la crise.

© S. Van Malleghem

Dans les précédents articles, nous avons tenté de décoder les signes précurseurs de la colère du jeune afin de pouvoir comprendre la situation et communiquer de la façon la plus adéquate possible. Dans certains cas, cela n’est pas suffisant et il s’avère nécessaire d’agir afin de protéger le jeune ou d’autres personnes présentes de sa violence.

Les techniques détaillées dans cet article ont toutes été validées par des experts de l’éducation au Canada.

Il est important de garder à l’esprit qu’il n’existe pas de recette infaillible pour prévenir ou neutraliser une crise de colère. Le savoir être joue un rôle déterminant. Le jeune en crise lance un appel à l’aide dans un contexte où il rencontre des difficultés d’adaptation. L’empathie et la communication restent les principaux outils afin de gérer la crise et l’intervention physique progressive sera envisagée en tout dernier ressort.

Il est fortement recommandé aux professionnels qui encadrent des jeunes de suivre une formation sur les différentes techniques d’intervention non violente en matière d’immobilisation physique afin de minimiser le risque de blessures et de poursuites judiciaires.



Quelle attitude adopter avant d’agir 

  • Tenter d’intervenir verbalement et inviter le jeune à s'efforcer de retrouver un peu de calme. 
  • S’approcher lentement afin d’observer ses réactions. En cas d’agressivité physique, il vaut mieux reculer et ne pas forcer un rapprochement trop rapide. 
  • Initier un contact physique pour le rassurer en évitant le dos, s’approcher de ¾ et non de face, continuer à lui parler calmement. Prendre doucement sa main sera moins menaçant. L’adulte pourra ainsi lui prendre l’autre main ou l’avant-bras en geste de réconfort. 
  • Si le jeune se calme, l’adulte peut alors venir poser sa main sur son dos entre ses omoplates. Il peut également lui faire un petit massage circulaire tout en gardant un discours rassurant et apaisant.

La prise enveloppante

Cette technique est indiquée lorsque l’adulte est seul à agir.

  • Se placer derrière le jeune. En fonction de sa position assise ou debout, l’adulte sera assis ou débout également.
  • Croiser les bras du jeune devant son corps en lui tenant les poignets sans serrer trop fort. Il doit juste sentir qu’il n’a plus la possibilité de bouger.  

L’immobilisation à deux personnes

  • Chaque intervenant fait face à la même direction de chaque côté du jeune.
  • A l’aide de leur jambe, les adultes bloquent les jambes du jeune afin d’éviter les coups et ruades.
  • D’une main, chaque intervenant tient un des poignets du jeune et place l’autre main sur chacune de ses épaules afin qu’il puisse se courber légèrement en avant.
  • Il est important tout au long de l’immobilisation de parler au jeune d’une voix calme et empathique. Un seul des intervenants parle. 

Les pièges à éviter pendant l’immobilisation

  • Croiser les bras en reculant ou tourner le dos : ces attitudes peuvent témoigner d’une indifférence de la part de l’adulte. De plus, perdre le contact visuel avec le jeune peut être dangereux si celui-ci est violent. 
  • Rester debout si le jeune est assis : il est important de se mettre au niveau du jeune car celui-ci pourrait se sentir rabaissé et la communication serait dès lors plus difficile à établir.
  • Poser ses mains sur les hanches et taper du pied montre de l’impatience et une attitude autoritaire.
  • Crier si le jeune crie risque d’accentuer la colère. Il est important de conserver un ton de voix calme en toute circonstance.
  • Poser les mains sur le bas du corps du jeune (cuisses, genoux, jambes) s’il est assis, peut être perçu comme intrusif.
  • S’approcher du jeune si celui-ci recule indique qu’il n’est pas prêt à accepter l’adulte dans son espace personnel. Il vaut mieux attendre en continuant à parler calmement.
  • Exiger que le jeune regarde l’adulte dans les yeux.



Les articles :

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Mélanie SAEREMANS

Psychologue-Psychothérapeute

Références :

https://pdf4pro.com/amp/view/crise-de-col-232-re-mod-232-le-d-un-rapport-d-incident-1bea65.html

https://www.passeportsante.net/fr/Therapies/Guide/Fiche.aspx?doc=communication_non_violente_th

®https://www.secunews.be/fr/

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