Comment se répartit la consommation de cannabis ?

Si les trafiquants de cannabis sont souvent cités, on évoque peu l’image générale des consommateurs. A quel âge est-on initié au cannabis ? Quelle proportion de la population belge a déjà consommé ? Quid de la consommation "problématique" ?

© Alissa-De-Leva - PIXABAY

Premières expériences

Une première observation concerne la prévalence de l’expérience de cannabis qui s’avère être en forte augmentation ces dernières années. Ainsi, on notera que 1/5 des Belges de 15 à 64 ans l’ont déjà testé au moins une fois dans leur vie mais moins de 1 sur 10 lors des 12 derniers mois. C’est tout particulièrement parmi les personnes âgées entre 25 à 34 ans que l’on trouve la plus grande proportion d’individus qui en ont fait l’expérience. Notons également que près d’un tiers des usagers habituels ont une consommation quotidienne.

Il existe aussi des particularités régionales en ce sens que la proportion de ceux qui ont essayé le cannabis est significativement (50%) plus élevée à Bruxelles que dans les deux autres régions du pays. Par contre, cette différence n’est pas observée en ce qui concerne l’âge auquel on est initié à sa consommation, soit environ 19 ans en moyenne. Contrairement à une idée reçue, cet âge est d’ailleurs en augmentation.

Il faut toutefois être attentif au fait que cette moyenne cache certaines réalités car l’on sait que 1/4 des 15-24 ans ont déjà testé le cannabis et que l’abstinence est relativement faible chez eux. Elle augmente néanmoins avec l’âge.

Une autre différence notable concernant la consommation est fondée sur le genre. Ainsi, à propos de l’expérience du cannabis, elle apparaît notablement moins élevée chez les femmes qui, par ailleurs, sont très largement plus nombreuses à s’abstenir de consommer avec le temps. 

Education et consommation

On observe aussi une corrélation notable entre le niveau d’éducation et le nombre de personnes qui ont expérimenté le cannabis. Ainsi, près de deux fois plus de diplômés du supérieur sont concernés par rapport aux individus sans diplôme ou seulement titulaire du CEB, ces derniers étant plus précoces. Mais le mouvement est inverse en ce qui concerne la poursuite de la consommation. Autrement dit, ceux qui sont les plus diplômés ont une plus grande inclination à s’abstenir. 



Une consommation problématique 

Elle est considérée comme problématique lorsqu’elle peut entraîner des problèmes de santé plus ou moins graves voire des conséquences lourdes sur le plan social tant pour la personne concernée que pour l’entourage. On pensera notamment à du décrochage scolaire, à une perte d’emploi, au fait de consommer avant midi, à des soucis mnésiques ou à des conflits conjugaux. Il est clair que plus la consommation est fréquente et plus les risques sont importants.

Elle peut être qualifiée comme telle pour seulement un très petit pourcentage des consommateurs réguliers (environ 5%) même si le risque de le devenir s’accroît lorsque la consommation perdure, et ceci en fonction d’une série de facteurs (ex : isolement). C’est surtout chez les hommes de moins de 45 ans que ce phénomène se constate et de manière beaucoup plus importante à Bruxelles.

Il convient aussi de tenir compte des facteurs socio-économiques en ce sens que les risques d’usage problématique sont plus importants pour les personnes qui ont un niveau d’éducation moins élevé. 

Modalités de consommation

Parmi l’ensemble des produits stupéfiants, le cannabis est le produit le plus répandu et sa consommation s’avère la plus fréquente en Belgique. C’est avant tout la marijuana qui est consommée par presque tous les usagers mais certains utilisent aussi du haschisch.

Un consommateur de cannabis sur cinq a tendance à prendre aussi de la cocaïne et/ou de l’ecstasy.

La consommation d’un usager quotidien varie entre 100 et 300 milligrammes de cannabis.

L'endroit le plus fréquent pour consommer du cannabis est à la maison, seul (42%) ou avec d'autres personnes (45%). La consommation à l’extérieur (3%) ou dans un lieu public (10%) est moins fréquente. 

L’approvisionnement

A propos de la manière dont se fait l’acquisition de cannabis, le consommateur s’adresse majoritairement à un dealer qu’il trouve assez facilement. A défaut voire en suppléance, il s’adresse à un proche, un ami ou une simple connaissance ou se fournit dans un coffeeshop.

Pour conclure, il convient de préciser que la plupart des chiffres indiqués supra correspondent aux moyennes européennes.

 

Claude BOTTAMEDI

Chef de corps d’une zone de police er

Sources :

La consommation de drogues en Belgique. Les principaux résultats de Drug Vibes - L'enquête belge sur les drogues, Sciensano, Edition 2022, sur :

https://www.sciensano.be/sites/default/files/2022_drug_vibes_report_fr.pdf

Epidémiologie et santé publique - Mode de vie et maladies chroniques HIS, Sciensano,  2018 Octobre 2019 • Bruxelles • Belgique USAGE DES DROGUES Auteur principal : Lydia Gisle • Réviseur : Sabine Drieskens • Éditeurs : Lydia Gisle, Sabine Drieskens

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