Les comportements transgressifs des adolescents
Les mensonges et les vols sont plus importants à l’adolescence en comparaison à d’autres périodes de la vie. Qu’est-ce qui pousse les jeunes à transgresser et quelles réactions adopter ?
Du mensonge aux vols
Mentir sur un prix ou sur son âge afin de pouvoir obtenir un produit ou ne pas signaler à un vendeur ou à un enseignant qu’il commet une erreur en sa faveur, sont autant de comportements transgressifs.
Le vol est également fréquent à l’adolescence, tant chez les filles que chez les garçons, même si l’on remarque que les garçons s’engagent proportionnellement dans plus d’activités transgressives que les filles.
- Le vol initiatique : l’influence du groupe de pairs, le détachement à l’égard des parents, le besoin de s’affirmer, ou encore, le désir de se procurer des biens interdits, le vol est vécu comme une provocation. Voler une boisson dans un magasin ou piquer une cigarette à ses parents permettent de braver un interdit et de se sentir puissant.
- Le vol économique : le jeune se trouve dans une situation où il a envie d’un objet sans pouvoir se l’offrir (portable, objets high tech, vêtements de marque). Afin de satisfaire ses désirs, il vole et peut s’adonner au racket. Ces comportements peuvent se chroniciser et se transformer en délinquance.
- Le vol pathologique ou kleptomanie : Le jeune ressent une pulsion irrépressible de s’approprier certains objets en l’absence d’un motif économique ou d’un besoin réel. Les vols se font de façon impulsive sans planification et portent habituellement sur des objets de peu de valeur (clés, crayons, livres). Le jeune ressent ensuite de la culpabilité. Ce type de comportement est l’expression d’un malaise sous-jacent et peut également être un moyen de mettre à l’épreuve l’amour des parents.
De nombreux comportements transgressifs tels que le mensonge, la triche, la dégradation des biens publics, les comportements de défiance de l’autorité sont également très répandus dans le cadre de défis entre jeunes en recherche de sensations.
Le rôle adaptatif de la transgression
De nombreuses études ont souligné le caractère adaptatif et le rôle important des conduites transgressives et à risque dans le développement personnel et social des adolescents. En effet, dans une phase de transition où les jeunes cherchent à s’émanciper des figures parentales, à s’identifier à leur groupe de pairs, il est compréhensible qu’ils soient plus enclins à prendre des risques :
- Le développement de la créativité : l’adolescent passe d’une pensée concrète à une pensée cognitive plus complexe, ce qui participe à sa construction identitaire. La créativité permet aux adolescents de développer leur flexibilité cognitive et une pensée divergente, ce qui offre la possibilité d’envisager plusieurs solutions à un problème et de générer différentes réponses. Des études ont démontré que ce besoin de créativité poussait les jeunes à être moins conventionnels, moins honnêtes et plus ouverts aux expériences risquées.
- La quête identitaire : les jeunes éprouvent des difficultés à se définir et ils ressentent le besoin de s’affirmer à leurs propres yeux et surtout aux yeux de leurs pairs. Dès lors, ils transcendent des interdits en expérimentant des comportements immoraux ou en accomplissant des actions dangereuses, comme autant d’occasions de se structurer comme individus singuliers.
Ces comportements peuvent dès lors être considérés comme des moyens utiles, à un moment spécifique de leur vie, dans un contexte donné, afin d’atteindre des objectifs personnels sociaux considérés comme importants pour eux. Il est donc essentiel de dépasser la simple description de l’acte commis et de tenter de comprendre la signification de cet acte pour l’adolescent.
Comment réagir face à un acte transgressif
Peu importe la nature de l’acte, il est important d’y réagir directement et d’ouvrir le dialogue. Il est important que le jeune puisse réaliser la gravité de son acte et se rendre compte qu’il a commis une infraction à la loi. Beaucoup de parents peuvent être tentés de banaliser en couvrant leur enfant, devenant ainsi complices. Il est primordial que des conséquences suivent les actes au risque que ceux-ci se multiplient :
- Rendre l’objet dérobé ou le rembourser.
- Faire des petits travaux à la maison comme dédommagement (jardinage, ménage, etc.).
- S’excuser auprès de la victime.
- Solliciter un tiers (justice) en cas de vol économique à répétition par exemple.
- Faire appel à un psychologue si les comportements transgressifs semblent être révélateurs d’une souffrance psychique.
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Mélanie SAEREMANS
Psychologue-Psychothérapeute
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