Les dispositifs ralentisseurs surélevés : efficaces mais encadrés !

Dans l’imaginaire collectif, le réflexe du dos d’âne pour casser les vitesses excessives semble d’une simplicité enfantine et d’une efficacité sans appel. Mais il faut en réalité tenir compte de nombreuses contraintes.

Installer des dispositifs ralentisseurs surélevés n’est pas techniquement si évident. Les passages répétés de véhicules légers ou lourds ont parfois tendance à les dégrader. Ils se transforment alors en pièges à vélos, cyclos et même voitures. Les gestionnaires de voiries et les entreprises qui les installent en ont heureusement tiré les leçons. Les nouveaux dispositifs souffrent moins de ces divers maux grâce à des guides et des fiches à destination des gestionnaires et des décideurs. A la demande de Bruxelles Mobilité, le Centre de recherches routières (CRR) a ainsi récemment rédigé un guide pratique pour l’installation de dispositifs ralentisseurs surélevés en Région de Bruxelles-Capitale.

De même, au fil du temps, un certain nombre d’effets indésirables sont apparus. Vibrations et bruits gênent parfois les riverains tandis que les passagers des transports en commun et des services de secours sont parfois fortement secoués.

Vous l’avez compris, on n’installe pas un dispositif ralentisseur surélevé sans suivre une procédure d’évaluation qui va déterminer si cette solution est opportune, et ce, en concertation avec les services de secours et les transports en commun.

© Belgian Road Research Centre

Les types de ralentisseurs surélevés

Ils sont de trois types : les coussins, les plateaux et les ralentisseurs de trafic (ou dos d’âne).

Les coussins sont des surélévations implantées en chaussée ; leur largeur au sol se situe entre 1,75 m et 1,90 m.

Les plateaux consistent en une surélévation de la voie publique présentant une partie plane de 5 à 8 mètres de long. Les plateaux s’étendent, en principe, sur toute la largeur de la chaussée sur une certaine distance. Les trottoirs traversants, fréquemment utilisés en ville, ne sont pas considérés comme des plateaux ; ils constituent une prolongation surélevée du trottoir au droit d’un carrefour ou de la sortie d’un accès privé fort fréquenté (ex : centre commercial).

Les ralentisseurs de trafic sont des surélévations locales de la voirie publique de forme sinusoïdale (sans partie plane). Leur but est de provoquer un inconfort croissant avec la vitesse de franchissement. Ils couvrent l’intégralité de la largeur de la chaussée.

Le Code de la route fixe la vitesse maximale autorisée au droit d’un ralentisseur ou d’un plateau à 30 km/h. Les coussins, quant à eux, ne peuvent être implantés que sur des voiries où la vitesse maximale autorisée est de 50 km/h et, sauf exception, en agglomération.

 

Les effets sur la circulation

Il est indéniable qu’un dispositif ralentisseur ralentit la vitesse à hauteur de celui-ci et a un effet sur une certaine distance. Les plateaux ont un effet sur le confort des passagers des transports en commun et des services de secours. C’est ainsi qu’on n’installera pas les ralentisseurs surélevés sur un parcours très fréquenté par les ambulances à proximité d’un hôpital.

Les ralentisseurs de trafic qui sont les plus efficaces ont quant à eux un effet très négatif sur le confort et la sécurité (risque de chute) des passagers des transports en commun. Sur ces itinéraires, on ne pourra utiliser que des coussins ou des plateaux à pente d’accès adoucie à 4%. Ceci aura un effet ralentisseur amoindri sur les véhicules ordinaires. Il faudra en tenir compte.

Le profil des utilisateurs, motorisés ou non, des lieux amènera à privilégier certains types de dispositifs.





Les effets sur les riverains

Quatre types d’inconvénients sont signalés par des riverains lors d’installation de dispositifs ralentisseurs surélevés : des bruits d’impact lors de franchissement à une vitesse inadéquate, des bruits d’accélération intempestive après le dispositif, des vibrations dans les habitations, des pertes de places de stationnement.

Pour réduire au maximum les nuisances pour les riverains, on tiendra compte du type de sol et de sous-sol adjacent pour choisir les matériaux adéquats. En effet, l’expérience a montré que le dimensionnement des dispositifs, la manière de poser les pavés (le cas échéant), l’utilisation de certains types de matériaux avait un impact sur le niveau sonore et les vibrations. De plus des dispositifs additionnels permettent à la fois de contribuer à diminuer la vitesse ainsi que le bruit et les vibrations. On pense ici à des rétrécissements de chaussée à hauteur des dispositifs, des passages alternatifs, des dévoiements, des plantations basses, des îlots, des potelets, etc.





Les contraintes techniques

La densité du trafic est une donnée que nous n’avons pas encore évoquée, elle conditionnera à la fois le choix du dispositif, son profil et sa résistance.

Il ne faut pas oublier non plus le coefficient de rugosité du dispositif qui aura un impact sur la sécurité en cas de gel ou de pluie. Le passage d’un revêtement moins glissant à de jolis pavés plus glissants peut s’avérer problématique.

La proximité d’accès à des garages, la déclivité de la voirie, l’évacuation des eaux de pluie, la nature du sous-sol sont autant de données qui vont guider les choix techniques, mais aussi celui du type d’installation retenu.





Les contraintes budgétaires

Tout le monde est bien conscient que coller ou boulonner deux coussins en caoutchouc et fixer quatre potelets en PVC sera une solution bon marché. Avec la même somme, cela permettra d’améliorer la circulation dans beaucoup plus d’endroits. À court terme, c’est bien évident. À moyen et à long terme, beaucoup de ces dispositifs seront dégradés et source d’insécurité et de nuisance pour les riverains.

Il conviendra donc de privilégier des installations techniquement mieux étudiées et par conséquent souvent plus chères. Il faudra donc objectiver les choses en mesurant les vitesses pratiquées, en distinguant les demandes guidées par le confort des usagers de la voirie de celles guidées par des éléments plus objectifs.

À cet effet la Région wallonne et la Région de Bruxelles-Capitale ont édicté des règles et procédures et mis en ligne des guides pratiques.





Didier WILLEMART

Chef de Corps d’une zone de police er



Avec la collaboration du Centre de recherches routières



Guide pratique. Installation de dispositifs ralentisseurs surélevés en Région de Bruxelles-Capitale. Plateaux, ralentisseurs et coussins, Centre de recherches routières : https://brrc.be/sites/default/files/2021-12/GuideDispositifsRalentisseurs.pdf

https://mobilite-mobiliteit.brussels/en/node/265

https://securotheque.wallonie.be/equipements/dispositifs-ralentisseurs/les-dispositifs-ralentisseurs

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