Un ado consomme du cannabis, comment réagir ?

Les premières expériences de consommation de cannabis se font habituellement à l’adolescence. En cas de suspicion de consommation, quelles attitudes adopter afin de prévenir les risques sans banaliser ni dramatiser.

© Kato Peeters

L’état des lieux en Belgique

La dernière enquête réalisée par Sciensano en 2019 montre que près de 23% de la population belge âgée de 15 à 64 ans a déjà consommé du cannabis au moins une fois dans sa vie, 7% au cours des 12 derniers mois, et 4.3% au cours des 30 derniers jours. Chez les jeunes entre 15 et 24 ans, 25% rapportent en avoir déjà consommé une fois et 38% pour la tranche 24-34 ans.

Un usage intensif (au moins 20 jours de consommation au cours des derniers trente jours), concerne 1.3% de la population belge.

 

Pourquoi le cannabis a-t-il la cote auprès de certains jeunes ?

  • Un rite initiatique : fumer un joint représente une étape pour un ado en quête identitaire et d’autonomie.
  • L’usage récréatif : beaucoup de jeunes affirment consommer du cannabis lors des moments festifs afin de s’amuser, ressentir un état d’euphorie, et lever certaines inhibitions.
  • L’influence des pairs : être le seul à ne pas consommer peut engendrer la crainte d’être mis à l’écart du groupe.
  • Un moyen d’apaisement : certains vont consommer afin de trouver un moment de détente et gérer leurs émotions négatives.

 

Les effets négatifs de la dépendance au cannabis

Bien que la consommation de cannabis soit souvent banalisée, elle peut comporter comme toute drogue, des effets négatifs, surtout lorsqu’elle est couplée à une consommation d’alcool ou prise régulièrement en grande quantité :

  • La perte temporaire de mémoire.
  • La diminution de la concentration.
  • Une hypoglycémie.
  • Une irritation des voies respiratoires.
  • Un ralentissement général avec des temps de réaction aux évènements plus lents.
  • Une baisse de la motivation générale.



Les signes d’alerte

Peu d’adolescents vont parler spontanément de leur consommation à leurs parents ou aux adultes. Certains comportements peuvent pourtant mettre la puce à l’oreille :

  • Un changement dans ses habitudes (des sorties plus fréquentes) et/ou ses fréquentations.
  • La demande d’une augmentation d’argent de poche sans raison évidente.
  • Une augmentation de la fatigue et une baisse de la motivation pour la scolarité et/ou pour des activités du quotidien.
  • Une attitude « absente » et un repli sur soi.
  • Une irritabilité.



Entreprendre un dialogue

Dans un premier temps, il est important de garder à l’esprit que le cannabis peut remplir une fonction : contribuer à maintenir un sentiment d’appartenance à un groupe, rechercher de nouvelles sensations ou encore, fuir un mal-être. Diaboliser le produit ne fera qu’augmenter le fossé entre vous et le jeune.

  • S’efforcer de bien cerner la situation et concrétiser la fréquence et la nature des prises (ponctuelles, quotidiennes, récréatives ou auto-curatives).
  • Être à l’écoute des bienfaits ressentis par le jeune (plaisir, recherche de détente et de sensations, soulagement de tensions), avant de discuter des dangers avérés du cannabis et du risque de dépendance, surtout lorsqu’il est consommé à un âge précoce, où le système cérébral est en pleine maturation.
  • Évoquer ses inquiétudes en précisant que les adolescents sont plus sensibles aux effets du cannabis. Les émotions tant négatives que positives, sont exacerbées (augmentation de la probabilité de vivre des expériences angoissantes ou bad trips) et le risque de manifester des troubles de l’humeur voire des épisodes psychotiques (présence de délires et déconnexion avec la réalité) est accru.



S’informer

Afin de se rassurer et d’obtenir plus d’informations, il est utile de prendre contact avec un service spécialisé dans les assuétudes. Ces professionnels ont l’habitude d’informer les parents ou l’entourage de jeunes consommateurs de produits pour leur donner des informations objectives.



Se montrer transparent et créer un climat de confiance

Si la situation semble problématique ou hors contrôle, consulter un psychologue est une piste pour obtenir de l’aide. Lorsqu’une démarche de ce type est entreprise, il est essentiel d’en parler auparavant au jeune afin de maintenir une relation de confiance. En effet, il est fréquent que des parents inquiets appellent pour prendre un rendez-vous pour leur enfant, sans le prévenir. Parfois, certains parents amènent même le jeune au rendez-vous sans lui avoir dit où ils se rendaient. Ce manque de transparence effritera la confiance du jeune, qui risque alors de s’opposer à la démarche, voire même de se fermer complètement au dialogue.



Mélanie SAEREMANS

Psychologue – Psychothérapeute

Référence :

https://eurotox.org/wp/wp-content/uploads/Le-cannabis-en-Belgique-en-2018_Eurotox-1.pdf

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