Les vols de véhicules en Belgique

Le vol de véhicule est-il fréquent dans notre pays et quelles sont les marques ciblées par les voleurs ? Comment procèdent-ils exactement ? Une analyse du phénomène et quelques conseils de prévention.

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Les différentes facettes du phénomène

Le nombre de vols de véhicules connaît une nette tendance à la baisse depuis plusieurs années. Alors qu'en 2017, environ 8500 vols par an étaient enregistrés en Belgique, on ne dénombre que 5000 vols en 2020. Cette forte baisse est bien sûr due surtout à la crise Corona et aux mesures de confinement. Néanmoins, la tendance à la baisse se confirme au cours de ces dernières années.

Le taux de réussite des vols de véhicules est très élevé, il représente pratiquement 90% des cas.

Le phénomène touche principalement les grandes métropoles : Charleroi, Liège, Anvers et Bruxelles mais des villes moyennes sont également impactées : La Louvière, Mouscron, Tournai, Nivelles... Le grand nombre de véhicules et l'anonymat urbain peuvent expliquer cette concentration de vols.

On ne constate pas de grandes fluctuations de ces délits au cours des mois de l’année. La plupart des vols ont lieu pendant la nuit, surtout entre 22h et 06h, et ce tous les jours de la semaine. Pendant le week-end, le risque de vol est plus grand et augmente à partir de 16h.

Les véhicules de marque allemande sont les plus recherchés par les voleurs. Il s'agit principalement de Volkswagen, de Mercedes et de BMW. Relativement peu de véhicules de marque Audi sont volés mais une augmentation se dessine à partir de 2020. Viennent ensuite les vols de véhicules de marque française : Renault, Peugeot et Citroën.

La moitié des véhicules sont volés lorsqu’ils se trouvent sur la voie publique et, dans une bien moindre mesure, dans les propriétés privées.

Dans seulement 12% des vols de véhicules, le suspect est arrêté. Parmi ce nombre restreint de suspects connus, la majorité est de sexe masculin et d'âge mûr. Ce qui est frappant, c'est le pourcentage relativement élevé (20%) de voleurs mineurs d’âge. Le plus jeune suspect connu est âgé de 11 ans !

Il s'agit principalement de suspects de nationalité belge. Dans un nombre très faible de cas, les suspects sont d'origine marocaine ou roumaine.





Comment les auteurs procèdent-ils ?

Actuellement, le mode opératoire classique de vol d’un véhicule prend bien évidemment en compte les dispositifs électroniques intégrés à la voiture (transpondeur, sans clé...). Des sites web proposent nombre d'équipements qui peuvent être utilisés pour commettre ce délit, entre autres des intercepteurs sans clé, copies de clés, crocheteurs de serrures, etc. Alors que de plus en plus de voitures n’exigent plus de contact physique entre la clé et le véhicule pour l’ouvrir ou même le démarrer, les auteurs peuvent très rapidement et facilement voler un véhicule équipé d'un tel système par le biais du piratage de relais.

Le car-jacking est quant à lui un modus operandi plus agressif car les voleurs n’hésitent pas à utiliser la violence ou la menace, avec ou sans arme à feu.

Lorsque les auteurs cherchent à s’emparer des clés (et éventuellement des documents de bord), il s’agit soit de homejacking (avec violence), soit de vol garage (sans violence).

Un dernier mode consiste à voler le véhicule en arnaquant le propriétaire : la personne qui met son véhicule en vente en ligne est approchée par un ou des auteurs. Parfois, une avance en espèces est accordée, puis un faux transfert est effectué sous les yeux du vendeur.

Les voitures volées sont soit revendues en l’état, soit démantelées afin de vendre les pièces. La fourniture de ces articles se fait souvent via Internet. Habituellement, les véhicules (ou les pièces) sont expédiés à l'étranger. Les voitures de luxe sont souvent volées sur commande.





Une tendance à la baisse ...

Amorcée aux États-Unis, la tendance à la baisse de la criminalité liée aux véhicules est principalement attribuée au développement technologique. Le vol de véhicules était autrefois considéré comme un "délit de débutant" mais actuellement il nécessite de plus en plus de manipulations électroniques et numériques et par conséquent des connaissances spécialisées, d’où une professionnalisation accrue de la part des auteurs.

En outre, on constate que les cas de confrontation auteur-victime lors des car-jacking et home-jacking, avec recours à la violence et/ou aux menaces, diminuent. Les voleurs prennent donc moins de risques et tentent de minimiser les chances d'être reconnus ou pris.

Ces dernières années, le secteur automobile a fourni également des efforts considérables pour rendre les voitures plus sûres. La sensibilisation et la coopération avec la police ont également porté leurs fruits.

 

Comment réduire la victimisation ?

Le site web du SPF Affaires intérieures - Sécurité et Prévention propose des conseils utiles pour contrer le risque de vol de votre véhicule. Voici les plus importants :

- Lorsque vous conduisez en ville, verrouillez les portes de l'intérieur pour éviter toute intrusion lors d’un arrêt à un feu rouge, par exemple.

- Garez votre voiture de préférence dans un garage ou un endroit bien sécurisé.

- Ne laissez jamais les clés sur le contact.

- Lorsque vous quittez votre voiture, verrouillez toujours soigneusement les portières et le coffre.

- Emportez toujours vos objets de valeur (GPS, ordinateur portable, sacs à main, vestes, appareils photo, etc).

- Ne laissez pas vos documents de bord dans le véhicule.

Si vous êtes victime d'un vol de voiture, prévenez immédiatement la police. Conservez toujours à domicile les copies des documents de bord. Si un ou des témoins sont présents, demandez-leur de rester sur place ou notez au moins leurs noms et adresses.

Lors de l'achat d'une nouvelle voiture, tenez compte qu'il existe des systèmes de géolocalisation permettant de retrouver plus rapidement les véhicules volés (systèmes "après vol").

Les experts estiment que l’on peut dissuader un voleur en prolongeant le temps qui lui est nécessaire pour commettre le vol. Les aides mécaniques telles que le blocage de la direction, restent une bonne option. 





Nicolas CALLANT & Vincent VANDERKELEN

Criminologues et conseillers police judiciaire fédérale

 

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