Favoriser l’épanouissement en temps de crise

La crise sanitaire vient perturber l’équilibre de bon nombre de personnes et d’organisations. La quête d’un nouvel épanouissement devient une quasi nécessité. Comment retrouver un nouvel équilibre ? Quelles dynamiques à enclencher ? Quel rôle du management ?



Les crises successives, la pression à la rentabilité constante dans un monde qui change induisent stress, burn-out, épuisement, perte de sens et de motivation, la sensation de ne plus rien maîtriser. Il devient impératif d’apprendre à s’adapter et à développer de nouveaux comportements en faisant confiance à nos ressources individuelles et collectives. 

© asbl BRAVVO - Cyrus Pâques

Impact d’une crise durable sur le monde du travail



La crise sanitaire est venue ajouter de l’incertitude, de l’inconnu et de la complexité aux équilibres parfois précaires qui la précédaient. Dans une crise qui dure, les organisations sont tenues de pouvoir accepter et de s’adapter en permanence aux nouvelles normes multiples et constamment évolutives. Pour y naviguer, chacun, à son niveau mais aussi de manière collective, est appelé à développer son propre GPS intérieur pour retrouver un épanouissement permettant un fonctionnement efficace et harmonieux, grâce à une plus grande flexibilité, adaptabilité à ce qui survient. 

 

Se réinventer



Un des premiers défis sera de construire un environnement favorisant l’épanouissement de chacun. Le manager se retrouve à devoir montrer l’exemple pour piloter ses équipes vers une culture de l’initiative et de l’adaptation. Acquérir de nouvelles compétences sociales, d’intelligence émotionnelle, de coopération, de résilience, de leadership, … s’impose de plus en plus à lui. Avec ses collaborateurs, il s’agit en effet de pouvoir réinventer ensemble l’organisation du travail, de concrétiser de nouvelles dynamiques au service de l’épanouissement et des performances individuelles et collectives. 

 

Face au stress : le soutien social et les émotions positives



De nombreuses études ont montré que le soutien social et la protection des émotions positives sont deux facteurs importants de la résilience.

Comme nous l’avions déjà partagé dans un article précédent, le soutien social (famille, ami, collègue, voisin, …) joue un rôle très protecteur face au stress. Les émotions positives viennent quant à elles, consolider nos capacités d’équilibre, de bien-être et de résilience même en période d’adversité. Elles nous donnent la force d’affronter les problèmes, sans naïveté mais avec lucidité. Comme nous le savons déjà, cultiver des moments heureux en période de stress diminue le risque de burn-out.

 

Enclencher des dynamiques solides, profondes

 

  • Il s’agit tout d’abord de créer un environnement favorable à l’échange d’expériences, à la prise de décision partagée pour développer un sentiment de maîtrise sur les problèmes, incidents, l’environnement changeant et ainsi développer notre potentiel d’action qui permettra de ne plus subir mais d’exploiter les opportunités.

On parle alors de puissance acquise liée à la confiance, plutôt que de résignation, d’impuissance apprise face à l’adversité, ou de non-contrôle sur les évènements en lien avec des émotions négatives. Cela présuppose un esprit collaboratif et constructif, de la bienveillance tant du manager que des collaborateurs.

 

  • Dans le même temps, il s’agit d’apprendre à sortir de notre pilotage automatique induit par nos pensées, émotions et croyances limitantes (négatives) pour ne plus être submergé par les situations difficiles. La présence consciente concourt à retrouver une liberté d’agir différente en cassant le lien que nous croyons automatique entre nos pensées/émotions et nos réactions.

Avec un entrainement quotidien de plusieurs semaines, la présence consciente nous apprend à moins fuir ou combattre, au profit de décisions plus apaisées et pertinentes dans le moment présent. Ce dernier n’est plus contaminé par des difficultés passées ou des projections sur le futur, nous ouvrant de la sorte à la flexibilité mentale par l’acceptation de ce qui advient. On cerne la réalité de manière plus large et non focalisée.

Un manager qui enclenche de cette façon, une dynamique de présence consciente se construit une identité plus ouverte et fluide et favorise ainsi son épanouissement ainsi que celui de ses collaborateurs.

 

  • Définir une vision globale commune sur laquelle idéalement, chacun(e) aligne sa vision personnelle pour développer une volonté d’agir dans une même direction.

     
  • Développer une réelle dynamique de signes de reconnaissance pour venir renforcer le lien social, le lien à l’autre.

     
  • Et enfin, en s’appuyant sur le côté solide des dynamiques précédentes, favoriser un maximum d’émotions positives

    Les émotions positives stimulent notre créativité et contribuent à accroître nos ressources physiques, sociales, intellectuelles. Elles améliorent notre aptitude à l’analyse complexe et à la résolution de problèmes et nous permettent d’entrevoir et d’inventer de nouvelles façons d’agir. Elles permettent de construire ensemble car, en émotion positive, on se relie plus facilement aux autres. Et en tout cela, elles fournissent un réel antidote au stress physique et à l’anxiété.

 

Exemples de pratiques qui favorisent l’épanouissement

 

  • Se rappeler seul ou en équipe tout ce qu’on a mis en place et qui était à notre main, pour engranger un résultat : pris par le rythme, on a tendance à oublier tout ce qu’on a accompli en termes de quantité et de qualité de travail depuis des jours, des semaines, des années pour atteindre un objectif quel qu’il soit. S’en rappeler, c’est se donner l’opportunité d’ancrer des comportements efficaces, de réussite, de travail sérieux et profond.

    Sur le long terme, ce qui est en effet important est de maîtriser les processus pour que les résultats puissent se répéter.

    Le but est d’activer nos ressources internes. On fait quelque chose de concret et on se rend compte de ce qu’on sait faire, de ce qu’on peut faire. Ne se concentrer que sur les résultats est beaucoup plus fragile.

     
  • Instaurer une culture de coaching, d’auto-coaching pour se poser des questions que l’on ne se pose pas habituellement.

     
  • Pratiquer l’intelligence collective. Les différentes interactions, la diversité des regards participent à la réflexion et la prise de recul sur une pratique. Chacun en tire un bénéfice pour sa propre pratique. Cela permet de faire évoluer des pratiques managériales, d’accompagner le changement, d’installer les acquis d’une formation sur la durée, …

     
  • S’entraîner 10 min par jour pendant 8 semaines à la Mindfulness. Elle vient contrer le fonctionnement naturel de notre cerveau d’être constamment en alerte en scannant continuellement l’environnement. Notre esprit a des pensées en permanence, des sensations et des émotions.

La Mindfullness vient contrer cet état de fait en développant 3 compétences : le détachement des pensées gênantes, répétitives et négatives ; l’acceptation, l’accueil des pensées et émotions qui nous traversent ; la présence à l’instant sans qu’il ne soit contaminé ni par le passé ni par l’avenir.

Des expériences scientifiques ont relevé les conséquences positives de la méditation de pleine conscience : réduction de la confusion, du stress et de l’anxiété, des émotions négatives (colère, peur, …), augmentation du bien-être, clarté de l’esprit, plus grande capacité à être présent, notamment.

 

  • Donner des feedbacks positifs, des compliments, … en apprenant à donner trois fois plus de retours positifs que de retours négatifs (Ratio 3/1). La reconnaissance des autres a un effet important sur l’estime de soi… et l’épanouissement du lien social, du lien à l’autre.

     
  • Effectuer des exercices de visualisation des buts communs. Cela peut se faire aussi par l’écriture.

     
  • S’auto-générer des émotions positives par des exercices simples et répétés.

     

Il s’agit donc d’oser se mettre en expérience, avec régularité, pour apprendre à s’épanouir même dans des conditions difficiles personnelles et/ou au travail. Notre cerveau est à la base très flexible, fluide et peut se transformer en fonction de nos besoins au bout de deux mois d’entraînement. L’épanouissement, c’est avant tout décider de mettre en place des comportements qui nous permettent d’y arriver à terme.



Thierry DEROUA

Commissaire divisionnaire de police er

Licencié. en Criminologie

Praticien en Relaxothérapie® et Accompagnement du Stress et Trauma

Étiquettes