Se libérer de son stress après un cambriolage

Un cambriolage peut provoquer chez les victimes un choc émotionnel, parfois important, et par la suite des conduites d’évitement voire une hypervigilance et des pensées négatives persistantes. Comment se libérer des tensions et du sentiment d’insécurité.

© Patrick Decorte

Le traumatisme psychique

 

L’hyperactivation neurovégétative

Les personnes traumatisées perçoivent le monde extérieur comme imprévisible, malveillant et dangereux. Dans cet univers hostile, elles se sentent vulnérables, soumises aux événements adverses de façon arbitraire et aléatoire, ce qui génère une hyperactivation neurovégétative. Elles manifestent une attitude d’hypervigilance, elles sont perpétuellement en alerte et sursautent au moindre bruit. Elles résistent à l’endormissement et souffrent d’insomnies ; elles dorment d’un sommeil léger, agité et non réparateur ; elles se réveillent en pleine nuit, inquiètes et aux aguets.

Si les victimes n’ont pas vu les malfrats parce qu’elles étaient absentes ou endormies au moment des faits, elles deviennent souvent suspicieuses. Elles s’interrogent sur l’identité des malfaiteurs et passent en revue tous les scénarios possibles. Par exemple, elles peuvent se convaincre qu’il s’agit d’un voisin qui connait leur mode de vie, ce qui accroit leur anxiété. Dans la rue et les endroits publics, elles observent les passants en se demandant si les cambrioleurs se trouvent parmi eux. Elles peuvent également se sentir épiées et avoir l’impression que des malfrats surveillent leurs allées et venues en vue de commettre un nouveau méfait.

L’hyperactivation neurovégétative se manifeste également par de l’irritabilité, des accès de colère et de l’agressivité ainsi que par des difficultés de concentration.

 

Pensées et émotions négatives persistantes

Les pensées négatives persistantes et exagérées entretenues à l’égard d’autrui et du monde extérieur sont une autre particularité de l’état de stress post-traumatique. Ainsi, les victimes peuvent être convaincues que nul n’est digne de confiance, que le monde est dangereux et qu’elles ne sont à l’abri nulle part.

Ces croyances négatives s’accompagnent d’un état émotionnel négatif persistant : elles éprouvent de la peur et de la colère. Elles peuvent également ressentir des sentiments de culpabilité, notamment si elles ont facilité le cambriolage par leur négligence. « C’est de ma faute, je suis vraiment nulle, j’avais oublié de fermer la fenêtre » me disait une patiente.

 

Les troubles connexes

L’état de stress post-traumatique survient rarement seul. Concomitamment aux symptômes décrits ci-dessus, un grand nombre de victimes souffrent d’angoisse, d’attaques de panique ou d’anxiété généralisée. D’autres présentent un trouble dépressif.

 

Les enfants

S’il est perturbant pour les adultes, un cambriolage l’est également pour les enfants. Après un tel événement, il est fréquent qu’ils refusent de rester seuls à la maison, qu’ils s’inquiètent de leur sécurité, qu’ils fassent des cauchemars et des terreurs nocturnes, qu’ils veulent dormir avec la lumière et la porte de leur chambre ouverte.

 



Se rétablir après un cambriolage

 

Renforcer la sécurité du domicile

Le renforcement de la sécurité de l’habitation est une des mesures qui permet de restaurer partiellement ou totalement le sentiment de sécurité. Changer les serrures, installer un système d’alarme ou de vidéosurveillance, placer une porte blindée et des barreaux aux fenêtres, utiliser un simulateur de présence ou un détecteur de mouvement sont quelques-unes des mesures qui aident à recréer un cocon sécurisant.

 

Retrouver une routine quotidienne

Il est important de retrouver rapidement une routine quotidienne. Se lever, se coucher et manger à heures régulières, participer aux activités professionnelles et de loisirs, fréquenter des amis, etc., aide à récupérer d’un cambriolage en contribuant à créer un sentiment de continuité et de sécurité.

 

Confier ses difficultés

Les personnes éprouvées par un cambriolage ont souvent le besoin de partager leur vécu avec leurs proches et la plupart d’entre elles déclarent ressentir un soulagement de s’être confiées. Discuter de ses difficultés aide à ventiler les émotions, libère les tensions et allège la charge émotionnelle. Les victimes devraient donc être encouragées à exprimer leur ressenti.

 

Le réseau de soutien

Dans certains cas, notamment lorsque le cambriolage a été violent, rejoindre une association d’aide aux victimes de cambriolage peut s’avérer d’une grande aide. Les participants peuvent partager leur expérience, entendre des témoignages d’autres personnes cambriolées et solliciter des conseils.

 

Les soins de santé mentale

Si les personnes ont été confrontées aux voleurs, un suivi psychologique s’avère souvent nécessaire. C’est également le cas si les symptômes perdurent au-delà d’un mois.

La méthode qui semble donner les meilleurs résultats pour réduire un traumatisme induit par un événement ponctuel est l’EMDR. EMDR est l’acronyme de « Eye Movement desensitization and reprocessing », en français « désensibilisation et retraitement par le mouvement des yeux ». L’appellation « EMDR » a été conservée même si la méthode ne se limite plus désormais à l’utilisation des mouvements oculaires. Cette approche psychothérapeutique a été découverte fortuitement aux États-Unis en 1987 par Francine Shapiro. Son efficacité a été scientifiquement prouvée depuis 1989 par de nombreuses études contrôlées. Depuis 2013, l’Organisation Mondiale de la Santé la préconise pour le traitement des troubles psychotraumatiques chez l’enfant et l’adulte.

L’hypnose constitue également un excellent moyen d’évacuer le traumatisme, de rétablir l’équilibre psychocorporel ébranlé par le choc émotionnel, de gérer le stress et les angoisses, et de retrouver un sommeil satisfaisant.

Les médicaments anxiolytiques tels les benzodiazépines ne devraient pas être prescrits pour réduire les symptômes aigus de stress post-traumatique ou les problèmes de sommeil au cours du premier mois suivant l’événement traumatisant, du moins pas plus de quelques jours. Ces médications pourraient même allonger le temps nécessaire pour se remettre psychologiquement. Sans compter que les personnes risquent de devenir dépendantes et de souffrir d’un syndrome de sevrage à l’interruption du traitement.



Article précédent : L’impact psychologique d’un cambriolage



Evelyne JOSSE

Psychologue, psychothérapeute

Auteur du site résilience-psy.com

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