Repérer les signes de mal-être d’un collaborateur

Le mal-être peut toucher tous les niveaux du travail. La période sanitaire doit inciter le responsable d’une équipe ou service à y accorder toute son attention. Quels signes détecter ? Comment s’y prendre ?

Le mal-être au travail est, en cette période de crise sanitaire, une réalité que l’on soit employé ou manager. Repérer rapidement le personnel en souffrance peut prévenir des conséquences graves et durables pour leur santé mais également pour la qualité du travail, le climat social et la performance de l’organisation/entreprise.

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Des préalables nécessaires… pour le manager averti

 

  • Se défaire de certaines idées reçues sur le mal-être au travail, le stress, le burnout, la violence/l’agressivité/les incivilités au travail… : ils ne sont pas une question de fragilité, d’incompatibilité de caractères, de manque de motivation, … ou encore des conséquences inévitables du contexte économique ambiant. Le mal-être n’est pas un effet de mode qui va passer…

     
  • Être bienveillant avec soi-même, prendre soin de soi et de son bien-être pour mieux prendre soin de son équipe et de ses membres : être tendu rend difficile la faculté d’identifier un collaborateur en souffrance, la prise de recul pour évaluer une situation de travail. Dans cet état, le risque est grand de privilégier l’action et le contrôle plutôt que la réflexion.

    Il s’agira dès lors de sortir du perfectionnisme à outrance, de se fixer des limites, d’accepter ses limites, de s’octroyer des pauses, …. pour avoir un impact positif sur son équipe
  • Prêter une attention particulière à l’évolution de son style de management, échanger avec des pairs, gérer son temps pour éviter l’envahissement des réunions-zoom, des mails, de reporting en tout genre…

     
  • Bien préparer les temps d’échanges avec ses collaborateurs. Le virtuel doit être mis à profit au repérage de certains signes non-verbaux de mal-être (expression de visage, mouvements du corps, retenue ou volubilité de la parole, …) Il s’agit dès lors de ne pas bâcler ces échanges ni de privilégier de manière excessive les modes virtuels de communication.

     
  • Prévoir du temps à consacrer au bien-être de vos collaborateurs.

     
  • Et si pertinent, actualiser régulièrement ses connaissances. Les domaines des risques psychosociaux sont en effet en pleine évolution avec la crise sanitaire.

     

Les signes qui doivent alerter

 

  • Les signes émotionnels : angoisse, irritabilité, apathie, dépréciation de soi-même, tristesse, hyperémotivité, …

     
  • Les signes physiques : troubles du sommeil, de la mémoire, alimentaire, mal de dos, fatigue, problèmes digestifs.

     
  • Les signes au niveau de la performance : erreurs, difficultés de concentration, perte de mémoire, ralentissements dans les tâches, …

     
  • Les signes sociaux: isolement, désintérêt, retard, altération des relations interpersonnelles, absentéisme de courte durée...

     
  • Les signes comportementaux : fumer ou boire plus que d’habitude, prises de risque, travail excessif, …



Ce sont principalement les changements inhabituels et persistants dans le chef de ses collaborateurs qui doivent alerter le manager et qui doivent le pousser à en savoir plus. Plus il connait les personnes de son équipe, plus il lui sera aisé d’y parvenir.

 

En savoir plus …



Ces signes peuvent être envoyés de manière consciente par le collaborateur dans l’espoir qu’ils soient traduits de manière plus explicite par un responsable. Les travailleurs peuvent aussi envoyer ces signes de mal-être de manière inconsciente.

Pour ne pas être trop intrusif, le manager pourra par exemple, interroger les collègues proches du collaborateur concerné, recouper ses observations pour évaluer la bonne attitude à tenir, au besoin après en avoir parlé à des pairs voire à des services spécialisés.

Il démontrera ainsi par son intérêt et son questionnement que le bien-être de ce collaborateur le préoccupe prioritairement. Ses actions ultérieures renforceront le climat de confiance au sein de son équipe.

 

La qualité et l’utilité du travail



Des erreurs, des délais non respectés, des oublis ou encore des négligences peuvent être des signes de mal-être chez un collaborateur qui fournit habituellement du « bon travail ».

Une perte de qualité du travail peut être ainsi le signe d’une démotivation, de l’absence de reconnaissance, d’une perte de sens favorisé par le travail à distance, ou encore d’un stress…

Un autre aspect important que le manager ne doit pas négliger est l’impact insidieux (voire traumatisant) sur certains salariés voire cadres, de la catégorisation par les autorités, des métiers utiles pendant la crise sanitaire. Pour y remédier, le manager ne sera pas avare de reconnaissances, de compliments réguliers et adéquats, pour éviter tout sentiment d’inutilité ou d’exclusion.

 

Rencontrer le collaborateur… en présentiel



Après être resté un temps, vigilant et attentif, si la situation ne s’améliore pas, le manager ne devra pas hésiter à rencontrer son collaborateur.

Lors de cet entretien, le manager restera centré sur les comportements au travail et leurs conséquences sur l’ambiance au sein de l’équipe, la productivité, la qualité relationnelle, le respect des délais, … Il posera des questions pour permettre au collaborateur de s’exprimer librement sur ce qu’il vit et manifester son intérêt, sa préoccupation à son égard.

L’écoute et une communication authentique du manager sont essentielles. Celui-ci veillera à créer un cadre de confidentialité et de transparence vis-à-vis de son collaborateur.

Cet entretien permettra au manager de recueillir des informations et entrevoir avec le collaborateur des pistes éventuelles de solutions en lien avec son travail (contenu, conditions, management, relations, facteurs personnels, environnement …). Ces solutions d’une durée parfois limitées seront également envisageables si le mal-être du collaborateur est d’origine privée (problèmes familiaux, de garde d’enfants, de trajets, …).

Si le manager n’est pas psychologue ou encore médecin, il prêtera attention à ses limites pour rester dans une écoute bienveillante sans interprétations ni jugements hâtifs. Il privilégiera le travail en collaboration avec la médecine du travail, le service des ressources humaines, le service de prévention qui pourront activer d’autres aides au profit de la détection précoce, de l’accompagnement et du suivi d’un collaborateur qui vit un mal-être au travail.

 

Thierry DEROUA

Commissaire divisionnaire e.r. police fédérale

Trainer en attitude coachante

Praticien en Relaxothérapie® - Accompagnement du Stress et du Traumatisme





Sources :

https://emploi.belgique.be/sites/default/files/content/publications/FR/KMO_tools_FR_2015.pdf

Risques psychosociaux : 9 conseils pour agir au quotidien

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