Prévenir les attaques de Bancontact

Le mode opératoire

Les appareils placés hors des banques (supermarchés, etc.) sont généralement plus vulnérables et moins surveillés. Ils peuvent faire l’objet de diverses attaques : à l’explosif, par arrachage ou sur place (coupe, casse, etc.).

Dans seulement 30% des cas, les auteurs réussissent leur coup, ce qui dépendra de la vulnérabilité du distributeur, de leur degré de préparation (équipements, informations, spécificités techniques, voies de fuite, etc.) et de leur expérience variant en fonction de la cible (utilisation d’explosif, diversion, neutralisation des systèmes de protection, etc.).

Les auteurs agissent parfois sur un plan international selon le principe du "hit and run". Dans cette hypothèse, ce sont généralement des habitants du pays où les faits sont commis qui font appel à des auteurs venant de l’étranger. Ils agissent et repartent aussitôt, ce qui rend leur identification complexe.

Généralement, le nombre de faits enregistrés s’élève tout au plus à quelques unités par an en Belgique. A noter toutefois que, exceptionnellement, durant les années 2018 et 2019, une dizaine d’attaques ont été constatées dans les provinces d’Anvers et du Limbourg où sévissait une bande originaire des Pays-Bas.

 

Une approche préventive et répressive

Pour appréhender le sujet de manière adéquate, il convient de raisonner classiquement en trois temps : évaluer la situation, élaborer une stratégie et la mettre en œuvre.

1. L’évaluation

Préalablement, il convient d’examiner les risques relatifs aux distributeurs. Cela se réalise en fonction notamment : de leur environnement (lieux surveillés, urbain/rural, etc.), d’éventuels dommages collatéraux (ex : si usage d’explosifs), de la présence de caméras ANPR, de la proximité éventuelle d’un poste de police, du bâtiment accueillant l’appareil (banque ou autres lieux), les faiblesses architecturales, les systèmes de protection existant (neutralisation des billets, système de brouillard de sécurité, …), etc.

2. Elaboration d’une stratégie

A partir de l’évaluation réalisée, basée sur une cartographie des lieux d’implantation des distributeurs, une stratégie peut être élaborée, idéalement en favorisant une collaboration privé-public.

Trois objectifs doivent être visés dans une logique de prévention situationnelle : réduire les gains, augmenter les risques pour les auteurs et entraver autant que possible l’accès au butin.

A cela s’ajoutera notamment une politique communicationnelle visant à décourager les auteurs potentiels. Par exemple, il s’agirait d’informer sur la faiblesse du butin, l’importance des risques ou sur la présence d’un système de neutralisation à l’aide d’un pictogramme.

3. Mise en œuvre des mesures

Nous allons maintenant envisager les actions concrètes qu’il conviendrait idéalement d’initier :

• Réduire la quantité d'argent liquide disponible dans le distributeur et le vider en fin de journée ;
• Utiliser des systèmes intelligents de neutralisation des billets de banque (IBNS) afin de tacher les billets de banque et des traceurs/marqueurs (ex : infrarouges). Il faut alors adapter les législations de telle manière que les banques centrales européennes (et autres) ne les remboursent pas et qu’ils ne soient acceptés ni par d’autres entreprises (ex : casinos) ni dans les appareils de dépôt de billets (ex : en Belgique) ;
  
   
• Favoriser une bonne collaboration entre toutes les parties prenantes de la lutte contre les attaques de distributeurs, notamment les fournisseurs/fabricants d’appareils, les autorités répressives (police, procureur, etc.), les pouvoirs publics (ministre de l’Intérieur, bourgmestre…), les sociétés de sécurité et les centres d'alarme qui surveillent et répondent aux alertes, etc. L'idéal serait d'agir à la fois au niveau national et international, notamment dans le partage d’informations ;
• Tenter de détecter les projets d’attaque par des mesures policières (examiner les types de véhicules volés voire les explosifs, etc.) ;
• Elaborer des plans d’enquête incluant une bonne communication entre toutes les parties prenantes et les victimes, favoriser la coopération policière internationale (circulation des suspects, etc.) ;
• Créer une banque de données au niveau européen afin que les forces de l’ordre disposent d’informations sur la criminalité organisée contenant notamment des types de marqueurs/traceurs utilisés, des données factuelles sur des faits commis, etc. Il s’agirait de faciliter les enquêtes et permettre de plus facilement relier des suspects à une scène de crime ;
• Encourager la standardisation des technologies et dispositifs préventifs (encre...), sur un plan international ;
  
   
• Diminuer le nombre de distributeurs dans les endroits risqués et encourager le paiement électronique ;
• Placer des dispositifs physiques de protection et de prévention : bornes à proximité des distributeurs, mobiliers urbains, éclairage,…
• Renforcer les systèmes d’’ancrage des appareils et utiliser des appareils accessibles par l’arrière ;
• Placer un canon à brouillard dense lorsque cela s’avère possible, etc.

Comme on le constate, une approche efficace pour contrer les attaques physiques de distributeurs de billets consiste en une combinaison de mesures qui, de préférence, devraient être intégrées dans un cadre législatif contraignant. Afin d'éviter que des mesures fortes dans un pays poussent les auteurs potentiels vers des pays plus vulnérables, il est aussi recommandé d'adopter ces mesures au niveau européen.

Claude BOTTAMEDI

Chef de corps d’une zone de police er

Source :

Rapport « PREVENTING PHYSICAL ATM ATTACKS DEVELOPING AN EFFECTIVE APPROACH »,  European Union Agency for Law Enforcement Cooperation (Europol) and European Crime Prevention Network,(EUCPN) sur. https://eucpn.org/document/recommendation-paper-preventing-physical-atm-attacks-developing-an-effective-approach

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