Partenariat local de prévention : où en est-on ?

Les partenariats locaux de prévention sont en nombre croissant dans le pays. Mais de quoi s’agit-il exactement ? La présence d’un PLP contribue-t-elle à une meilleure sécurité dans son quartier ?

Cet article se propose de répondre à ces questions et de faire le point sur l’impact des PLP dans la vie communale.

© Secunews

Un PLP, c’est quoi ?

Un Partenariat Local de Prévention (PLP) propose un mode de collaboration, sous l’égide du SPF Intérieur, entre les citoyens, la police locale et la commune, au sein d’un quartier déterminé.

Ce partenariat, qui repose sur le principe d’échanges mutuels d’informations, vise à sensibiliser le citoyen à plus de vigilance quant à la sécurité de son environnement. Par voie de conséquence, le PLP favorise le contrôle social et peut accroître le sentiment de sécurité lorsque les nuisances et délits diminuent dans le quartier.

A côté de ces partenariats citoyens, on peut relever deux autres formes de PLP.

-  D’une part, le partenariat pour indépendants (PLP-I), qui rassemble des commerçants d’un même quartier. Si le fonctionnement et les objectifs sont identiques, le PLP-I peut viser la diminution de délits plus problématiques pour les indépendants (ex : la fausse monnaie).

-  D’autre part, un PLP peut également se concevoir au niveau d’un secteur professionnel (PLP sectoriel), comme, pour reprendre un exemple existant, un PLP de pharmaciens. Les objectifs du partenariat sont alors spécifiques à la prévention des formes de criminalité propres au secteur concerné.



Nombre de PLP et répartition géographique

SECUNEWS

Selon les données du SPF Intérieur, le nombre total de PLP est en augmentation dans le pays entre 2019 et 2022 (chiffres arrêtés au mois d’octobre). Cette hausse est plus marquée pour les PLP-I (+ 13,8 %) que pour les PLP citoyens (+ 1,5 %).

Le fonctionnement d'un PLP

Encadré par une circulaire ministérielle dont la dernière version date du 8 avril 2019, le fonctionnement efficace d’un PLP (classique) repose sur la collaboration effective entre des citoyens d’un quartier déterminé et la police locale compétente sur la commune. Ces acteurs de première ligne bénéficient également du soutien des autorités locales, des services de prévention locaux et du SPF Intérieur.

Les citoyens qui s’impliquent dans un PLP choisissent un coordinateur qui devient responsable de l’organisation interne et des contacts avec le policier référent désigné par le chef de corps de la zone de police locale. Ce policier transmet aux membres du PLP toutes les informations utiles au bon fonctionnement du partenariat.

Dans le cadre des échanges réguliers entre citoyens et police locale, les membres du PLP rapportent les agissements qui leur semblent suspects, suggèrent ou donnent leurs avis sur la prévention des nuisances dans leur quartier, etc. La police locale réagit de façon appropriée et transmet des conseils de prévention ainsi que les informations qu’elle estime pertinentes.

 

Impact d’un PLP sur la sécurité locale

L’Université de Gand a récemment (2020) analysé l’efficacité des PLP et en particulier la relation entre la présence d’un PLP et la sécurité dans un quartier, première évaluation approfondie du genre en Belgique. Ce travail scientifique, commandé par le SPF Intérieur, a porté sur un échantillon de 12 quartiers dotés d’un PLP et 12 quartiers comparatifs ne disposant pas de PLP, tous situés sur les provinces de Brabant flamand et Brabant wallon. Cette étude fouillée comporte néanmoins un certain nombre de limites, dont la représentativité des PLP impliqués, comme l’indiquent ses auteurs.  

Il en ressort que si la mise en place d’un PLP est souvent incitée par l’existence de nuisances dans le quartier, le fonctionnement d’un tel partenariat peut générer une plus grande confiance sociale entre les habitants et un contrôle social informel plus effectif, notamment par la surveillance de leurs maisons respectives. L’étude a également montré que les membres de PLP ont un meilleur contact avec leur inspecteur de quartier et qu’ils sont plus positifs à l’égard du travail de la police. Pas de conclusions significatives cependant à propos de l’impact effectif des PLP sur le sentiment de sécurité des résidents en général et sur l’évolution de la criminalité locale.

En bref, les recommandations des auteurs sur les plans pratique et politique des partenariats locaux de prévention :

  • Prévoir une plus grande responsabilisation et implication des autorités locales, en particulier concernant les dépôts sauvages et nuisances liées au trafic, deux domaines non repris dans la circulaire et les chartes des PLP ;
  • Elaborer une vision globale qui encadre l’utilisation par les PLP de plateformes d’informations (Facebook, WhatsApp, etc.), la représentativité et l’inclusion des allophones et l’évaluation périodique du fonctionnement des partenariats locaux ;
  • Créer une plateforme générale PLP en ligne, multifonctionnelle et interactive.

     

Conclusions

Un partenariat local de prévention vise à favoriser une collaboration plus étroite entre la police locale et la population. Cette démarche, soutenue et encadrée par le SPF Intérieur, s’inscrit dans le cadre d’une politique de sécurité intégrée où citoyens, commerçants, organisations professionnelles et locales jouent un rôle effectif.

Cette initiative, désormais bien implantée dans notre pays (particulièrement en Flandre) tend à démontrer que lorsque des citoyens sont sensibilisés à la prévention et bien organisés en termes d’informations, ils peuvent s’impliquer et développer un sentiment de solidarité quant à la sécurité de leur quartier.

Pour toute information complémentaire, se reporter au site du SPF Intérieur Partenariat local de prévention (PLP) | BeSafe (IBZ Sécurité et Prévention) ou s’adresser directement à sa police locale.

 

Nicolas CALLANT & Vincent VANDERKELEN

Criminologues et conseillers police judiciaire fédérale

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