Les procédures en cas de disparition inquiétante d’un senior

Justice et polices sont attentives aux disparitions inquiétantes. Etant donné le nombre de seniors souffrant de démence, des procédures ont été mises en place pour éviter les disparitions ou réagir efficacement.

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Causes des disparitions

Lorsqu’une personne âgée disparaît, toutes les hypothèses habituelles sont envisageables : affaire criminelle, accident, suicide, etc. Toutefois, il est bien plus souvent question d’une raison liée à la santé du disparu, la démence. D’ailleurs, selon la Cellule disparition de la police fédérale, plus de 120 seniors atteints de démence disparaissent chaque année et, malheureusement, parmi ceux-ci près d’une dizaine décèdent.

 

La démence en Belgique

La démence se traduit par une altération de la fonction cognitive. Elle atteint la mémoire, le raisonnement, le langage, l’orientation, la compréhension, le contrôle émotionnel, etc. On considère qu’elle représente l’une des plus importantes causes de handicap et de dépendance des seniors qui en sont les principales victimes.

Elle résulte de traumatismes ou de maladies qui affectent le cerveau. Parmi celles-ci, figure en bonne place l’incurable maladie d’Alzheimer qui se caractérise par une destruction lente et progressive des cellules cérébrales.

La disparition d’une personne souffrant d’une telle pathologie sera donc toujours considérée comme inquiétante.

 

La démence en quelques chiffres

Pour imaginer l’ampleur du problème, on notera que près de 212.000 personnes sont atteintes de démence en Belgique, causée à 65% par la maladie d’Alzheimer.

On estime aussi que sont atteints de démence près de 10% des plus de 65 ans, 26% des plus de 85 ans et 35% des plus de 90 ans. Enfin, deux malades sur 3 sont des femmes. N’oublions pas que l’espérance de vie est élevée et que le vieillissement de la population est une réalité.

 

Un protocole avec les maisons de repos et de soins (MRS)

Placée en institution, une personne âgée perd ses repères et elle est d’autant plus fragile qu’elle est atteinte de démence. Lorsque l’on s’aperçoit de sa disparition, il se peut que pas mal de temps se soit écoulé, ce qui augmente les risques pour elle.

Cellule des personnes disparues, parquets, zones de police et MRS se sont donc mis autour de la table pour réfléchir à l’élaboration de procédures finalisées par un protocole.

Les objectifs poursuivis sont d’ordre préventif en suggérant de bonnes pratiques pour éviter des disparations (ex : procédures pour les sorties au sein des MRS dans le respect des résidents) et d’ordre proactif en évitant de perdre de temps (ex : savoir à qui s’adresser et quelles informations transmettre), notamment par l’élaboration d’une fiche « personne disparue ». Il s’agit aussi de favoriser les relations entre les acteurs concernés (police, MRS, etc.) et de faciliter le travail de recherche.

 

Que suggèrent ces procédures ?

Le rôle de la MRS est fondamental dès l’accueil du résident, notamment en recueillant une série d’informations qui seront utiles en cas de disparition (description, photographie, etc.).

Les premières recherches doivent se faire rapidement au sein même de l’établissement : identifier qui a vu la personne concernée pour la dernière fois ; fouiller l’environnement propre (fermé) de l’intéressé, les armoires, toilettes, locaux techniques, etc. ; fouiller également l’environnement immédiat du bâtiment : jardin/parc/ remise ; fouiller les autres chambres, etc.  

Quand il apparaît que le résident ne s’y trouve pas, mais dans un délai de 20 minutes environ, appel est fait à la police locale dont la MRS a déjà les cordonnées. La MRS lui envoie un document standard comprenant : les coordonnées de l’expéditeur, les renseignements concernant la personne disparue (photo, identité, etc.) et notamment des informations factuelles (dernière fois où la victime a été vue ; est-elle déjà disparue ? itinéraire et endroits potentiels où elle a pu se rendre, personnes de contact ; état de santé ; actions déjà entreprises (fouilles…), etc.

 

Les seniors vivant à domicile

Toutes les personnes atteintes de démence ne sont pas placées en institution, au contraire. Près de 70% d’entre elles vivent à domicile, notamment pas mal de personnes âgées.

Il est donc vite apparu qu’il convenait de leur faire bénéficier d’une même attention, notamment suite à l'initiative de la Ligue Alzheimer ASBL car, plus encore que des professionnels, les proches peuvent être perdus lorsqu’ils constatent la disparation de leur aîné.  

Il s’agit à travers « Le Protocole Disparition Seniors » et, à l’instar de ce qui se fait pour les MRS, d’établir une fiche identitaire (téléchargeable sur : https://alzheimer.be/wp-content/uploads/2018/06/La-fiche-identitaire.pdf) pour les personnes atteintes de démence, qui contient les informations nécessaires à la police pour débuter rapidement les recherches. Cette fiche sera conservée au domicile de la personne concernée et diverses copies seront à disposition (famille, voisin…) et mises à jour.

Après une première recherche dans le milieu proche (maison, jardin, voisin...), la police locale est avisée et la fiche lui est transmise.

 

Conclusion

En se préparant au pire, on peut gagner un temps précieux. Et ce temps peut être celui qui permettra de retrouver vivante la personne disparue.



Lire aussi : Disparition inquiétante. Que fait la police ?





Claude BOTTAMEDI

Chef de corps d’une zone de police er

 

Pour en savoir plus : https://alzheimer.be/nos-projets/protocole-disparition-seniors-au-domicile/

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