Les Diogènes : comment intervenir ?

Les personnes qui souffrent d’un syndrome de Diogène refusent en général toute aide malgré les difficultés et les risques auxquels elles sont confrontées. Les accompagner requiert une démarche progressive et une collaboration multidisciplinaire.

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Une réticence à recevoir de l’aide

La réticence des personnes souffrant du syndrome de Diogène à recevoir toute forme d’aide peut s’expliquer par :

  • Leur déni de la situation.
  • De mauvaises expériences passées avec leur entourage, la police ou des services sociaux.
  • Le choix de leur mode de vie.
  • Une méconnaissance du rôle de la personne qui souhaite leur venir en aide.

L’intervention dans un contexte de syndrome de Diogène   

Intervenir dans un contexte de syndrome de Diogène demande du temps, de la patience, une ouverture d’esprit et une flexibilité afin de s’adapter au rythme de la personne qui en souffre. 

  1. Créer une bonne alliance au départ 
    • Se faire accepter comme partenaire par la personne est primordial. Il est donc important d’ouvrir un dialogue empathique, chaleureux et non jugeant et de bien définir quel est notre rôle dans la situation (voisin préoccupé, travailleur social, policier, pompier, médecin, etc.).
    • Miser sur un lien de transparence et tenter d’orienter la personne dans la réalité en lui exposant la situation perçue, les interventions à venir et les conséquences probables de ses comportements avec pour objectif d’obtenir son consentement dans un climat de confiance.
  1. Evaluer la situation et les besoins de la personne

    Dans un premier temps, l’intervenant procèdera à une analyse concrète du contexte de vie de la personne :
    • Depuis combien de temps la personne vit-elle cette situation ?
    • Quel est le niveau d’urgence et de dangerosité de la situation (danger pour la personne ou pour autrui et l’urgence d’intervenir) ?
    • Comment la personne perçoit-elle la situation ?
    • Est-ce que la situation semble intentionnelle ou pas ?
    • Est-ce que la personne est en mesure d’élaborer et de maintenir un projet de vie ?

Dans un second temps, il évaluera les besoins de la personne, à la fois ceux qu’elle reconnaît et qui lui sont prioritaires et ceux qui, du point de vue du professionnel, ne sont pas remplis.

Enfin, il faudra également être attentif à l’identification d’un réseau d’aide qui pourra être mobilisé afin de dresser un plan d’action concret :

    • Entourage (famille, amis, voisins, propriétaire du logement)
    • Ressources communautaires (aide-ménagère, aide familiale)
    • Ressource du réseau de la santé (intervenant psycho-social, pharmacien, médecin).
    • Service de police, pompiers.
  1. Evaluer l’aptitude à prendre des décisions éclairées

    L’aptitude de la personne à prendre des décisions pour elle-même ou pour ses biens, son jugement et sa capacité de compréhension constituent l’enjeu principal afin de déterminer la voie dans laquelle l’intervention va s’engager.

La personne est apte à décider

Il faut tenter d’obtenir son consentement pour intervenir : la personne doit être capable de donner son accord de façon libre et éclairée pour pouvoir entamer les démarches d’accompagnement. Si elle ne donne pas son accord, il est important de poursuivre le dialogue avec elle et de chercher dans son entourage une personne importante pour elle qui pourra éventuellement l’amener à consentir certaines démarches.

La personne s’avère incapable de décider

Dans ce cas, la mise en place de mesures de protection temporaires ou permanentes (Mise en observation, administration de bien, mise sous tutelle) s’impose.

  1. Progresser par étapes

    Accompagner et rester proactif dans les démarches tout en respectant le rythme de la personne ainsi que ses droits et ses libertés.

    Le travail multidisciplinaire est primordial : il est important d’évaluer quelles sont les ressources les plus adéquates pour répondre aux besoins de la personne en fonction du contexte (déficience physique, perte d’autonomie liée au vieillissement, trouble de santé mentale, réadaptation, isolement social). 
    • Opter pour des moyens et des échéanciers réalistes.
    • Mobiliser la personne, favoriser sa participation et le partage des responsabilités entre elle et son réseau de soutien.
    • Encourager et renforcer les expériences positives.
    • Développer et renforcer les compétences de la personne.
    • Favoriser une prise de décision partagée, faire des compromis sur certains aspects.
    • Adopter une démarche « à petits pas » et accompagner progressivement la personne vers différents services (services de nettoyages, accompagnement médico-psycho-social, juridique).

      Ces différentes pistes sont pertinentes dans une situation où les degrés d’urgence et de dangerosité restent faibles. Nous aborderons dans un article à suivre les étapes utiles en situation de risque plus élevé.



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Mélanie SAEREMANS

Psychologue, psychothérapeute  

Sources : 

Guide de pratique sur l’intervention en contexte d’autonégligence 

Un proche atteint du syndrome de Diogène ?

®https://www.secunews.be/fr

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