Le médiateur de quartier, un acteur-clé pour rétablir le dialogue

Dans un souci de cohésion sociale, les médiateurs de quartier constituent des acteurs-clés pour résoudre les conflits entre personnes. Qui sont-ils et quel est leur rôle ? Comment gèrent-ils les différends entre parties ? Quels sont les résultats de leur intervention ?

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Résoudre les conflits entre personnes ?



Les riverains d’une place publique ne savent pas toujours comment bien réagir face à des jeunes qui occupent régulièrement cet espace tard le soir, en laissant tourner le moteur des voitures et en diffusant une musique bruyante. Une personne peut se sentir dépourvue face à un voisin qui n’entretient pas sa haie ou accumule les détritus et qui devient agressif à la moindre demande. Dans ces situations irritantes, chacun perçoit le problème selon son propre point de vue et la situation finalement s’enlise.

Confrontées aux conflits de quartier ou de voisinage, de nombreuses villes et communes belges ont pris l’initiative de proposer un service gratuit de médiation de quartier. Une tierce personne, le médiateur, est à la disposition des habitants pour tenter de résoudre les litiges, même les plus anodins, qui peuvent provoquer de grosses frustrations et mener à une escalade de la violence. S’il n’est pas toujours possible de faire disparaître les tensions, le médiateur peut arriver à les apaiser et rétablir le dialogue.

Les médiateurs sont généralement des professionnels spécifiquement formés au processus de médiation. En Flandre, les services de médiation sont également composés des bénévoles ayant suivi une formation de base.



Le processus ne démarre qu’avec l’accord des parties

Mais comment les médiateurs de quartier interviennent-ils ?

Bien que toute personne puisse signaler aux médiateurs de quartier une situation de conflit, seules les parties directement impliquées peuvent décider, après avoir été informées par le médiateur, si elles répondent ou non à l’offre de médiation.

La médiation est donc un processus volontaire. Elle n’est jamais imposée. Sans la volonté des deux parties d’arriver à une amélioration de la situation, la conciliation s’avère impossible.

Lorsque le processus est enclenché, le rôle du médiateur est de favoriser la communication entre les parties et permettre de rétablir la confiance et le dialogue. Il doit être neutre et ne pas formuler de jugement de valeur quant au contenu du conflit. Il se doit également d’être impartial et de consacrer à chaque partie autant d’attention.

Après une prise de contact avec chacune des parties impliquées dans le conflit pour recueillir les doléances et points de vue, le médiateur organise une rencontre directe dans un lieu neutre. Lors de cette rencontre, les parties expriment leur vécu et participent ensemble à la recherche négociée de solutions.

Si les personnes en désaccord ne souhaitent pas se rencontrer, le médiateur pratique la médiation indirecte et rapporte à chacun le discours de l’autre partie. Ce type de médiation offre moins de chances d’aboutir à une solution durable.

La médiation n’est pas adéquate pour toutes les situations. Par exemple, s’il apparaît que le conflit relève d’un problème psychique d’une des parties, la médiation ne sera pas proposée et les personnes seront orientées vers un autre service. Il en va de même si des faits de violences graves sont constatés dans le cadre du conflit.

 

Est-ce efficace ?

La création d’un service de médiation relève souvent d’une initiative communale. Les communes gèrent donc de façon autonome ce service offert aux citoyens, et décident des moyens à lui allouer suivant les réalités locales rencontrées mais aussi suivant le budget disponible.

S’il n’existe aucun chiffre officiel national sur le nombre de dossiers traités ainsi que sur l’issue de ces dossiers, des données d’activité sont recensées au sein-même des services de médiation. Les résultats obtenus peuvent prendre des formes diverses.

A Charleroi, entre 350 et 400 demandes sont adressées chaque année aux médiateurs de quartier. Au terme du processus de médiation, plus de la moitié des dossiers connaissent une issue positive : soit la situation conflictuelle s’est apaisée par le rétablissement de la communication, soit un accord a été trouvé entre les parties. Dans les autres dossiers, l’échec s’explique par la non-volonté des parties d’aboutir ; dans près d’un quart des situations, la partie qui n’est pas à l’origine de la demande refuse l’offre de médiation proposée ou se retire en cours de processus.

Lorsqu’un accord a été trouvé entre les parties, ce consensus présente une certaine valeur sociale même s’il n’a pas de valeur juridique contraignante. La médiation constitue alors une véritable alternative au dépôt de plainte à la police ou à une procédure en justice de Paix. Ces instances sont déchargées d’un certain nombre de dossiers qu’elles auraient dû traiter au détriment d’autres.

Sur le long terme, le processus de médiation vise à renforcer la cohésion sociale dans les quartiers en retissant des liens entre les habitants.



Delphine CHARLOT

Licenciée en criminologie

Direction Prévention et Sécurité, Ville de Charleroi



Sources :

https://www.besafe.be/fr/publications/manuel-mediation-de-quartier

https://www.besafe.be/sites/default/files/2019-03/guide_nuisances_compressed.pdf

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