La ville la nuit

La vie nocturne revêt une fonction sociale importante mais elle représente aussi de nombreux défis pour les villes et communes. Quels sont les acteurs d’une politique de la vie nocturne urbaine, en particulier à la ville de Bruxelles ? 

© Eric Ostermann

La ville la nuit constitue un des chapitres du manuel « Prévention et sécurité locale » de BeFUS asbl publié aux Editions Politeia. Maude Glorieux et Jonas Van Rossem y rappellent l’importance de la nuit dans la vie des citoyens et mettent en exergue les différentes pratiques destinées à réguler la vie nocturne. 

La vie nocturne (et le public qu'elle englobe) se distingue de la vie en journée : soirées festives, spectacles, évènements culturels, animations de rue, bars et restaurants mais aussi nuisances sonores, consommation d'alcool et de drogues nécessitent l’adaptation complexe des services publics locaux. La nuit peut en effet devenir synonyme d'insécurité dans les rues de certaines communes à la suite de comportements problématiques tels que l'usage de drogues. Dans ce contexte, les pouvoirs publics doivent s’organiser pour faire cohabiter le jour et la nuit.

 

Composantes d’une politique de vie nocturne urbaine 

 

L’élaboration d’une politique de vie nocturne intégrale et intégrée au niveau local repose sur plusieurs leviers : 

  • L’approche participative vise à faire respecter les principes d’une vie nocturne positive en impliquant les acteurs significatifs du secteur de la nuit.  Des structures appelées « conseils de la nuit » existent ainsi dans la plupart des villes disposant d’une stratégie de la vie sociale la nuit. Bénéficiant d’une reconnaissance dans le milieu de la nuit et désignées par l’autorité politique pour représenter ce secteur, ces personnes recherchent des solutions réalistes pour résoudre les problématiques existantes et participent de ce fait aux politiques de prévention.
  • L’organisation de la surveillance du domaine public pendant la nuit est fondamentale. Elle implique l’utilisation de caméras et d’autres technologies, mais aussi la présence physique de l’autorité locale à travers la police, les gardiens de la paix ou d’autres acteurs publics non-policiers.
  • Le développement d’une politique locale des autorisations par l’octroi de licences de débit de boissons, de commerces et de travail de nuit. Outre les dispositions légales existantes, les communes peuvent obliger les magasins de nuit à obtenir une autorisation du conseil communal et limiter leur exploitation à des zones définies ainsi que leurs heures d’ouverture.

     

Acteurs de la vie nocturne de Bruxelles-capitale 

En mai 2019, à la suite d’une collaboration de plusieurs années avec le secteur de la nuit, la ville de Bruxelles s’est dotée d’une charte de la vie nocturne à laquelle les bars, cafés, salles de concert et théâtres, boîtes de nuit et restaurants peuvent adhérer : https://www.bruxelles.be/charte-de-la-vie-nocturne. Ces établissements respectent un certain nombre d’engagements liés à la prévention (alcool, drogues, nuisances, bruit) et ils obtiennent, en retour, un accès direct à la ville de Bruxelles pour exprimer la réalité et les besoins du terrain et bénéficier de formations.

Dans cette perspective, le service Tranquillité publique et Evènements accueille les plaintes concernant les nuisances liées à la cohabitation des riverains et des commerces Horeca dans le centre-ville : tapage nocturne dans les quartiers festifs, volume trop élevé de la musique, consommation d’alcool en rue, terrasses envahissantes. Dans le but d’améliorer la qualité de vie à travers des actions intégrées de lutte contre les nuisances et des actions de sensibilisation, des plans d’action sont développés au regard de ces constats afin de travailler sur les phénomènes de trouble à la tranquillité publique. La mobilisation des intervenants institutionnels et des partenaires externes est en effet nécessaire pour proposer des solutions aux nuisances dans les quartiers à usages mixtes. Ces actions (adaptation du cadre réglementaire, aménagements urbains, consultation d’experts ou mise en place de projets...) sont réalisées à l’échelle d’un quartier pour répondre aux problèmes de nuisances en favorisant une approche intégrée et partenariale.

Les gardiens de la paix sont également déployés la nuit sur le terrain, en fonction de la réglementation locale régissant le statut juridique du personnel communal. Ils collaborent avec les autres acteurs de terrain (éducateurs de rue, centres de jeunes, voiries, propreté, associations …) et leur présence rassurent le public. Un numéro vert gratuit est mis à disposition des citoyens pour les contacter et relayer des constats problématiques.

La police est bien entendu impliquée dans la réduction des nuisances et des troubles à la tranquillité publique, le dialogue avec les organisateurs de manifestations dans l’espace public et les différentes interventions liées à la sécurité des collectivités locales. Des patrouilles spécialisées se concentrent sur les activités de restauration et les nuisances.

La mobilité est particulièrement impactée la nuit, en termes d’offre de services. Outre les moyens de locomotion disponibles à toute heure du jour ou de la nuit (vélos, trottinettes, véhicules partagés, taxis), des lignes de bus de nuit à Bruxelles, appelées « noctis », ont été mises en place. 

Les médiateurs de nuit et leur présence dans les rues de certaines communes contribuent au sentiment de sécurité en prévenant les tensions, nuisances et conflits sans s’impliquer cependant dans les situations qui requièrent un usage de la force.

La police, avec les services de sécurité civile, de secours et d’urgence, reste néanmoins le seul dispositif public qui peut être déployé tout au long de la nuit, en complémentarité des nombreuses initiatives citoyennes et des structures associatives existantes composées de professionnels de première ligne et orientées sur l’accès à bas seuil. 

Promouvoir un espace de communication et de prévention pour la gestion de la vie nocturne urbaine est aujourd’hui indispensable si l’on veut éviter que ne se développe un sentiment croissant d'insécurité.

Maude GLORIEUX

Responsable Service Tranquillité Publique et Evènements

Ville de Bruxelles

Laetitia NOLET

Coordinatrice BeFUS asbl

https://befus.be/

Source :

https://www.politeia.be/fr/publications/287281-manuel+de+prevention+et+de+securite+locales+2e+edition

®https://www.secunews.be/fr

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