La progression des vols de vélos en Belgique

Ecologie, réflexe sportif, vélo électrique … expliquent le nombre croissant de cyclistes en Belgique. Mais cette évolution bénéfique a son revers : les risques de vols de vélos ! Qu’en est-il exactement aujourd’hui ?

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Vols de vélos : évolution générale

Si l’on se base sur les statistiques policières, on constate que la problématique des vols de vélos a connu une diminution constante entre 2018 et 2020, accentuée notamment par la crise sanitaire. Si les chiffres 2021 repartent à la hausse, ils n'en restent pas moins inférieurs à ceux des années 2018 et 2019.

Depuis 2016 cependant, les vols de vélos électriques augmentent constamment dans le pays ainsi que les vols de tout type de vélos à Bruxelles.

Deux éléments relativisent néanmoins l’évolution globale à la baisse. D’une part, les vols de vélos sont quasi exclusivement couronnés de succès pour leurs auteurs. Le taux de tentative, indicateur des vols sans butin, demeure en effet extrêmement bas au fil des ans, sans jamais même atteindre les 2%.

D’autre part, les statistiques policières, essentiellement basées sur les faits rapportés aux forces de l’ordre, ne sont pas le reflet exact de la réalité. En effet, nombre de citoyens estiment toute démarche inutile et ne portent pas plainte vu qu’ils ne sont pas assurés pour ce vol (le dépôt de plainte serait obligatoire dans ce cas) et sont très pessimistes quant à la possibilité de retrouver leur bicyclette.



Spécificités du phénomène



Sur le plan de la localisation

Les vols de vélos se produisent en particulier dans les grandes villes, celles d’Anvers, Gand, Louvain, Bruxelles-ville et de Bruges formant le quintet de tête de ces dernières années. Cette problématique est plus prégnante en Flandre qu’en Wallonie, Liège étant la seule ville wallonne figurant dans le top 10 des communes les plus touchées par ces vols.

Par ailleurs, les vols de vélos sont plus nombreux sur la voie publique que sur les emplacements ou parkings spécifiques qui leur sont dédiés et où la sécurisation est plus grande.

La question du timing critique

Les vols se commettent principalement entre 10h et 19h lors des jours de semaine et se concentrent, durant le week-end, davantage dans l’après-midi (entre 14h et 19h). En outre, aucun jour, pas même le dimanche, n’est épargné par ce type de méfait.

Les statistiques de répartition mensuelle font apparaître, chaque année, une hausse de ce type de délits en septembre et octobre, mois qui correspondent à la rentrée des étudiants, qui circulent volontiers sur deux roues. 

Concernant les auteurs et leurs modes opératoires

Les vols de vélos sont commis principalement par des sujets masculins âgés entre 35 et 40 ans et de nationalité belge. Il faut noter cependant que le taux d’élucidation, qui suppose l’identification d’un auteur au minimum, reste annuellement à un faible niveau, aux alentours des 7%.

Si certains auteurs peuvent être qualifiés d’opportunistes du fait qu’ils agissent sans préparer leur acte, autrement dit ils profitent de l’occasion, d’autres peuvent être davantage considérés comme des professionnels. Ils patrouillent sur la voie publique, à la recherche de vélos ciblés, tels les électriques, et sont munis d’un outillage spécifique, comme une petite disqueuse sur batterie, qui leur permet de venir à bout de n’importe quel cadenas.



Que deviennent alors les vélos volés ?

Nombre d’entre eux se retrouvent sur des sites de seconde main, tels que ‘Marketplace’ ou ‘2ememain.be’, voire même sur des brocantes publiques. Ceci développe une économie parallèle favorable à des revendeurs peu scrupuleux.

D’autres vélos, en particulier les modèles les plus coûteux ou luxueux, sont revendus, via des filières belges ou étrangères, en Afrique du Nord ou en Europe de l’Est.



La tendance actuelle est d’ailleurs au vol de vélos électriques et de vélos de compétition, car plus rentables dans l’optique d’une revente. Pour cela, on observe également à travers le pays, des cambriolages dans les magasins de cycles dont le butin se compose essentiellement de vélos de luxe de marques diverses. De tels faits, perpétrés plutôt de nuit, avec effraction de la vitrine ou passage par le toit, semblent être l’œuvre d’équipes d’auteurs est-européens, aguerris, avec reconnaissance avant le fait ou guet pendant son déroulement, selon les enquêteurs spécialisés.



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Nicolas CALLANT & Vincent VANDERKELEN

Criminologues et conseillers police judiciaire fédérale



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