La contribution d’une autopsie à une enquête de maltraitance animale 

Les autopsies de routine sur les animaux sont bien connues des responsables en matière de bien-être animal. Mais quelle est la différence avec les autopsies médico-légales et l’utilité de ces dernières ?

© Pranidchakan Boonrom

Comment se déroule une autopsie de routine ?

Les équipes de vétérinaires pathologistes des universités de Gand et de Liège mènent plus de 1000 autopsies de routine par an et en informent ensuite les propriétaires ou les vétérinaires par un rapport. Sur la base d’une autopsie qui dure en moyenne une heure et demie, le vétérinaire pathologiste consigne les anomalies significatives dans un rapport destiné au demandeur. En fonction de ses constatations, il prélève des échantillons pour approfondir l’enquête.

Un examen macroscopique et microscopique est toujours effectué, et une analyse bactériologique ou virologique est parfois nécessaire. Le demandeur peut également opter pour une autopsie esthétique en vue d’une cérémonie d’adieu au crématorium.





L’utilité d’une autopsie médico-légale

L’autopsie médico-légale est moins bien connue du grand public. Elle est réalisée à la demande de la police, de la justice ou de l’inspection chargée du bien-être des animaux. Une telle opération dure entre 3 et 6 heures, pendant lesquelles le médecin photographie en détail tous les organes. Si le vétérinaire pathologiste suspecte des violences physiques envers l’animal, il utilise également l’imagerie médicale.

Les animaux sauvages ne sont pas épargnés par la violence et l’autopsie médico-légale se pratique aussi au sein du réseau de surveillance de la faune sauvage de la Faculté vétérinaire de Liège dirigé par le professeur Annick Linden. Les demandes émanent alors de l’unité anti-braconnage du service public de Wallonie (UDA-SPW).



L’ensemble des examens internes se déroule conformément à des procédures opératoires standard, sur base d’instructions écrites mentionnant en détail la démarche à suivre pour chaque manipulation, afin d’assurer l’uniformité des différents examens.

Lors de l’autopsie, le vétérinaire pathologiste prélève toutes sortes d’échantillons destinés à des analyses microscopiques, toxicologiques et génétiques ultérieures. Après les examens, la carcasse n’est admissible qu’à la crémation.

Une anamnèse complète est primordiale pour formuler des conclusions cohérentes avec le contexte. Quelles informations le propriétaire peut-il fournir concernant l’historique et les circonstances pertinentes de la maladie ou de la blessure de l’animal ? Dans quelles conditions l’inspecteur a-t-il trouvé l’animal ? Existe-t-il des photos des lieux où l'animal a été découvert ?





Un rapport complet pour fournir des informations précises au juge

Sur la base des résultats de tous ces examens et des questions spécifiques qu’il pose lors de la réception de l’animal, le pathologiste vétérinaire rédige un rapport complet dans lequel il décrit en détail ses conclusions. Il établit un diagnostic en ce qui concerne, entre autres :

  • Une intoxication
  • Une négligence
  • Un coup de chaleur
  • Un traumatisme contondant
  • Des coups de couteau, des coupures
  • Un étouffement
  • Une noyade
  • Des coups de feu et des brûlures

Dans son rapport, l’auteur ne porte pas de jugement sur la culpabilité ni l’innocence du suspect éventuel, mais tente d’apporter une réponse aux questions spécifiques, selon les cas :

  • Quelle est la cause possible du décès ?
  • Depuis combien de temps l’animal est-il mort ?
  • Y a-t-il des preuves de traumatisme ?
  • Y a-t-il des preuves de négligence ?

Le rapport vise à donner au procureur ou au juge une idée plus précise de ce qui est arrivé à l’animal. Ces informations ne figurent pas seulement dans les dossiers relatifs au bien-être animal, mais elles peuvent également apporter des éclaircissements, par exemple, dans les enquêtes portant sur des meurtres et des incendies concernant des animaux retrouvés morts.

Le vétérinaire pathologiste établit également une chronologie précise dans son rapport, sur la base des blessures constatées et de l’heure du décès, afin que les enquêteurs puissent au mieux déterminer la chronologie des faits.





Le lien entre la maltraitance animale et la violence domestique

Différents articles scientifiques démontrent [1] une corrélation entre la maltraitance animale et la violence domestique. Le docteur Leen Van Brantegem, diplômée de l’ECVP [2], pathologiste vétérinaire et chef de clinique au sein du département de pathologie vétérinaire, confirme : Une étude menée auprès des victimes de violence domestique a montré que, dans 50% des cas, l’animal de compagnie était également maltraité. Dans d’autres cas, l’auteur utilise l’animal comme moyen de chantage. Il menace par exemple de blesser l’animal si le ou la partenaire quitte la maison.

Pouvoir faire connaître et reconnaître la maltraitance animale est indispensable dans notre société. Les vétérinaires jouent un rôle décisif à cet égard, car un vétérinaire vigilant peut détecter un cas de maltraitance animale à un stade précoce et ainsi prévenir le recours éventuel à la violence contre des membres de la famille. Il arrive d’ailleurs, comme le souligne le docteur Dominique Cassart, responsable des autopsies au sein du département de Pathologie de la Faculté vétérinaire de Liège, que des autopsies de routine soient à l’origine de l’ouverture d’enquêtes par les services de police. Ceci démontre l’importance de l’autopsie comme outil de vigilance pour la question de la maltraitance animale.

Le travail du département de pathologie vétérinaire offre un service essentiel aux amis des animaux et aux enquêtes judiciaires. Si vous devez avoir recours à ce service, vous trouverez les informations utiles ci-dessous.

 

EN PRATIQUE :

Prévenez les services de pathologie dès que vous avez un soupçon :

UGent : 09 264 77 41, 09 264 77 50 ou 09 264 55 51

FMV ULiège : 04 366 4074 ou 04 366 4075

Aussi accessibles via veterinaire.pathologie@ugent.be ; Leen.vanbrantegem@ugent.be et FMV ULiège : pathologie.fmv@uliege.be

Gardez toujours la carcasse dans un endroit frais et transférez-la le plus rapidement possible à :

la Faculté de médecine vétérinaire, Salisburylaan, 133 à Merelbeke (entrée 76) ou

Quartier Vallée 2, avenue de Cureghem B6, 4000 Liège

Pour les autorités :

Placez l’animal dans un sac scellé clairement identifié (numéro PV).



Alain PEETERS

Premier Inspecteur principal

Police de l’environnement 



Lire aussi : Vous êtes témoin de maltraitance animale, que pouvez-vous faire ?

 

[1] http://www.fondation-droit-animal.org/96-lien-entre-violence-domestique-et-violence-sur-animaux/

[2] Collège Européen des Pathologistes Vétérinaires

Étiquettes