Disparition inquiétante. Que fait la police ?

Depuis l’affaire Dutroux, la question des disparitions a été placée au rang des priorités. Mais selon quels critères une disparition est-elle jugée inquiétante ? Et dans cette hypothèse, que font concrètement les services de police ?

© Kim Vanbesien

Rôle de la police locale

Lorsque l’on constate la disparition d’un proche, le premier réflexe est de contacter la police locale. En principe, tous les policiers ont été formés pour réagir adéquatement, dans le respect d’une directive ministérielle qui précise les actes à poser et le rôle de chacun.

Dans un premier temps, l’officier de police judiciaire (OPJ) de la police locale évaluera les faits afin de déterminer s’ils ont une nature « inquiétante ». Ce sera le cas si un des critères suivants est rencontré :

  • la personne disparue a moins de 13 ans ; 
  • elle présente un handicap physique ou mental ou manque d’autonomie ; 
  • elle suit un traitement médical ou doit prendre des médicaments ; 
  • elle se trouve peut-être en danger de mort ; 
  • elle se trouve peut-être en compagnie de tiers qui pourraient constituer une menace pour son bien-être ou risque d’être victime d’un fait délictueux ; 
  • l’absence de la personne est en contradiction totale avec son comportement habituel.

Ces critères ne doivent pas être considérés comme exhaustifs. A titre d’exemple, une disparation pourrait être considérée comme inquiétante si l’absence d’une personne perdure anormalement.

Si la disparition répond à un de ces critères, l’OPJ avisera le magistrat de service du parquet qui prescrira des devoirs d’enquête, notamment en fonction de la directive ministérielle.





Que prescrit la directive ministérielle ?

Si la directive vise l’efficacité, elle insiste aussi sur le fait que les intervenants doivent faire preuve d’empathie envers les plaignants et il est recommandé qu’ils puissent disposer d’une personne de contact à la police.

Cela se traduit par le fait que la déclaration doit être prise au sérieux, sans temporiser et qu’il faut faire preuve d’écoute.

Ensuite, elle est articulée en trois volets :

  1. Les « Directives générales » déterminent les missions des autorités/services, des enquêtes, des relations avec la presse, etc.

     
  1. Les « Premiers devoirs et premières réactions – Check-lists et fiche » :
  • Rappellent les critères d’une disparition inquiétante (supra) ;
  • Prescrivent les actions à entreprendre immédiatement lors d’une disparition ;
  • Fixent les contacts avec la Cellule personnes disparues de la police fédérale
  • Proposent des questionnaires pour la réalisation de l’audition, d’une part, des personnes venant faire une déclaration de disparition et, d’autre part, de témoins éventuels ;
  • Enumèrent les points auxquels il faut prêter attention pour les enquêtes de voisinage et la préservation des traces ;
  • Règlent la question des signalements nationaux et internationaux.

     
  1. Les « Informations spécifiques et recommandations supplémentaires » contiennent des informations et recommandations sur :
  • le profil des personnes disparues ;
  • les premières réactions en cas de disparition ;
  • l’assistance et l’accueil des victimes ;
  • le rôle de la Cellule personnes disparues de la police fédérale et sur l’apport de la police technique et scientifique dans les affaires de disparition ;
  • les enlèvements parentaux internationaux, l’intervention de voyants ;
  • le retour et l’audition de personnes retrouvées ainsi que les disparitions à caractère international.

 

Que fait concrètement la police ?

Chaque cas est particulier mais dans les grandes lignes, la police effectue les devoirs suivants :

  • une audition des proches afin de recueillir des informations utiles concernant la description de la personne disparue (photo, vêtements, âge, etc.), les « circonstances » de la disparition (notamment quand elle a été vue la dernière fois), ses habitudes, son état de santé, son moyen de transport, ses moyens financiers, son numéro de GSM, etc. ;
  • une enquête de voisinage (notamment à partir du lieu supposé de disparition) ;
  • l’appel aux hôpitaux, etc. ;
  • l’appel à la Cellule disparition de la police fédérale ;
  • la mise en œuvre de certaines techniques de recherche (ex. localiser le GSM) ou moyens spécifiques : chien pisteur, hélicoptère, visite domiciliaire ;
  • le signalement de la personne, éventuellement via la presse, etc.

Les devoirs d’enquête seront aussi déterminés selon la ou les hypothèses les plus probables expliquant la disparition : l’accident (ex : la personne pratiquait un sport dangereux) ; l’état de santé (personne suicidaire) ; la piste criminelle (ex : menaces sérieuses) ; les problèmes de couple (probable enlèvement parental), etc.

 

Le rôle de Child focus

Dans le cadre de la disparition d’enfants, on rappellera que Child Focus apporte aussi son aide sous diverses formes : signalement des enfants disparus (affiche, réseaux sociaux, etc.), conseil aux proches, contacts avec les autorités, etc.

La fondation ouvre aussi un dossier pour toute disparition inquiétante d’un jeune âgé entre 18 ans et 24 ans.

Child focus peut être contacté gratuitement au numéro 116 000.

 

Claude BOTTAMEDI

Chef de corps d’une zone de police er



Sources :

Vers une meilleure pratique policière (II), Cahiers du Comité permanent P, 2009,

https://comitep.be/document/cahiers/Cahier%2027%20-%20Vers%20une%20meilleure%20pratique%20polici%C3%A8re%20II.pdf

Circulaire n° 9/2002 du Collège des Procureurs généraux près les Cours d’appel contenant la Directive ministérielle du 20 février 2002 relative à la recherche des personnes disparues

 

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