Détecter les infox générées par l’intelligence artificielle

Les récents développements de l’intelligence artificielle rendent les sources de désinformation plus difficiles à identifier. Très réalistes, les infox en tous genres se confondent avec les informations consultées sur le Web et génèrent de la confusion.

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Outre de bons réflexes (identification de la source, croisement de l’information, etc.), quelques outils en libre accès peuvent vous aider à faire la part des choses. Cet article se propose d’en faire le tour.

 

Le fact checking 

Ces dernières années, le journalisme de vérification s’est généralisé et les initiatives de fact checking se sont démultipliées, en particulier pour les informations politiques. Il s’agit de plateformes de vérification de l’information, souvent initiées par le monde des médias, où les journalistes tentent de faire la part entre les infos et les intox tout en partageant leurs conclusions au public.

En voici quelques exemples :

  • Les observateurs de France24 couvrent l’actualité du monde à travers des témoignages vérifiés.
  • AFP Factuel, de l’Agence France Presse, s’investit dans des projets collaboratifs entre médias européens.
  • Les Décodeurs, du journal Le Monde, décortiquent l’information sur diverses thématiques dans une rubrique dédiée afin d’en vérifier ou réfuter les faits.
  • CheckNews est l’équivalent des Décodeurs pour La Libération.
  • Faky, une initiative de la RTBF, regroupe plusieurs sources dans un moteur de recherche.
  • Media Bias/Fact Check (MBFC) est un site d’information américain indépendant qui se consacre à l'éducation du public sur les préjugés des médias et les pratiques d'information trompeuses. Il offre de nombreuses vérifications d’articles, de faits ou de la partialité des médias, notamment en ce qui concerne la politique américaine.
  • De multiples émissions existent également sur ce sujet, notamment Le vrai du Faux, sur France Info ou la rubrique Fake News dans le 20 minutes.

Le moteur de recherche Google propose depuis peu un encadré « A propos de ce résultat » pour chaque proposition de sa page de recherche avec des informations sur la source et la première date de son indexation. D’autres outils en cours d’élaboration, comme « la perspective », déjà présente dans sa version étasunienne, permettent d’accéder à des points de vue différents sur une question donnée.



Comment vérifier une image ?

Une photo ne constitue pas une preuve. Avec des applications comme Midjourney ou DALL.E, créer une photo de toute pièce devient d’une simplicité déconcertante. Parallèlement, il n’est pas rare de voir circuler d’anciennes vraies photos avec de nouvelles légendes, modifiant ainsi leur contexte afin de manipuler le lecteur. La photo peut également avoir été retouchée. Avec l’IA, il n’est plus besoin de maîtriser des logiciels compliqués : de nombreuses applications, comme le tout nouveau « Magic Editor » de Google, promet de retoucher une image en un clic. Lorsqu’on sait qu’un simple recadrage permet parfois d’influencer l’opinion du lecteur, on imagine les conséquences de la popularisation de ces outils.

Afin de vérifier l’authenticité d’une image, il faut remonter à sa source. Une précaution devenue particulièrement difficile sur les réseaux sociaux.

Quelques réflexes, accompagnés d’outils, peuvent néanmoins vous aider :

  • Vérifiez si l’usage d’un générateur d’image est indiquée. Certains outils ajoutent leur logo sur leurs créations.

     
  • Menez votre enquête et décortiquez la photo : voyez-vous des incohérences ou des déformations ? Certains éléments brouillés ? Du texte incohérent ? Si tel est le cas, il s’agit probablement d’une photo générée par IA.

     
  • Poursuivez votre enquête dans les moindres détails : la légende reflète-t-elle bien ce que vous voyez ? L’arrière-plan, la tenue des protagonistes, le décor, l’époque, l’heure, … tous ces détails sont-ils cohérents ?
  • Méfiez-vous des images choc, qui jouent sur la fibre émotionnelle. De la même manière, ne vous fiez pas à une image dont la légende contient des propos incitant à la haine.
  • Il existe des outils d’image inversée remontant à l’origine de l’image. C’est le cas notamment de TinEye ou de Google Lens, qui identifieront d’autres sites indexés sur lesquels se retrouve la même photo. Le résultat est parfois surprenant…
  • De nombreux outils, comme InVID, permettent d’extraire les métadonnées d’une photo et d’ainsi, parfois, en retrouver l’origine ou le propriétaire.
  • Dans certains cas, il est possible de constater la falsification d’une photo avec un outil ad hoc, du type FotoForensics développé par Hacker Factor.

     
  • Si des outils de détection d’IA se développent, ils connaissent encore d’importantes lacunes et ne sont pas nécessairement ouverts au grand public. L’observation fine de l’image et la recherche inversée restent à ce jour les recommandations prioritaires.

     

Comment vérifier une vidéo ?

Les règles concernant les images restent d’application pour les vidéos. De nombreuses vidéos circulent en effet en-dehors de leur contexte, avec une légende ou un commentaire destiné à orienter l’opinion du spectateur.

Le phénomène des deepfakes, popularisés par des outils grand public comme FakeApp, Reface ou Zao, en ont largement répandu l’utilisation sur le Web.

  • Développé dans le cadre d’un projet européen, notamment avec la Information Technologies Institute et AFP, InVID est un plug-in qui permet de trouver sur quels sites votre vidéo a déjà été postée et d’en visualiser les métadonnées.

     
  • Deepware est un outil en ligne d’identification de vidéos générées par une IA.

  • Comme pour les photos, menez votre propre enquête pour repérer d’éventuels anachronismes ou incohérences concernant l’arrière-plan, le décor, l’époque, la langue utilisée par les protagonistes, le mouvement des lèvres, des différences de couleur entre le visage et le cou, … N’hésitez pas à vous servir d’outils cartographiques comme Google Street View pour vérifier la localisation.

     

Lutter contre la discrimination

Les messages au contenu haineux se servent très souvent de fake news, de photos truquées ou de vidéos décontextualisées pour se répandre de manière virale. L’incitation à la discrimination, à la haine, à la violence ou à la ségrégation à l’égard d’autrui est un délit dans notre pays.

Comment réagir si vous en voyez passer dans votre fil d’actu ?

  • Signalez le message au modérateur du site ou du forum. Les réseaux sociaux prévoient une option pour avertir d’un message choquant ou à caractère haineux.
  • Vous pouvez également utiliser le formulaire de signalement de Unia par le biais d’un formulaire de signalement. Pensez à y joindre une capture d’écran.

     

Michèle ORBAN

Consultante et formatrice en veille informationnelle

Source : 

https://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/detecteur-rumeurs/2023/04/18/importe-peut-detecter-images-creees-ia-pour-instant

 

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