Comment aider un proche en burnout ?

Le burnout d’une personne affectera son entourage. Ses amis, sa famille, ses collègues peuvent aussi considérablement influencer l’état de leur proche malade. Comment s’y prendre pour ne pas faire pire que bien ? Quel rôle adopter ? 

© Kato Peeters

Entendre la souffrance, écouter les symptômes

Ces symptômes sont nombreux :

  • Plus d’irritabilité, de fatigue, de pleurs, d’angoisse, d’agitation ou au contraire plus de lenteur dans les réactions et prises de décision
  • Augmentation du temps passé au travail, même à la maison, au détriment de moments de plaisir
  • Recherche de solitude, refus de s’ouvrir et de recevoir l’aide proposée
  • Perte d’intérêt pour les hobbies, pour les amis, la famille
  • Variations d’appétit, de poids, addictions au tabac, au café, à l’alcool
  • Dégradation progressive de la condition physique et de la récupération ; problèmes de sommeil
  • Expression régulière de culpabilité, de perte d’estime de soi, de dévalorisation, d’idées noires
  • Plaintes physiques récurrentes : maux de dos, migraines, « attraper tout ce qui passe »

Au début, la personne malade est souvent incapable de connecter sa souffrance et de reconnaître son état. A ses côtés, la première chose que vous pouvez faire, sera d’entendre sa souffrance à sa place, pour l’aider à se rendre compte que quelque chose ne va pas et que ce n’est pas qu’un simple moment difficile.

S’informer sur la maladie vous aidera à « empathiser » avec votre proche pour comprendre son quotidien fait de quelque chose que vous n’avez pas vécu et auquel vous n’avez pas accès, pour le considérer réellement comme une personne en convalescence.



Une écoute sans jugement, sans interprétation

Il est bon de se rappeler que votre proche vit quelque chose de difficile depuis plusieurs mois, souvent sans mot dire et qu’en parler ne pourra se faire qu’avec du temps.

Au moindre signe ou demande de votre proche, rendez-vous disponible. Votre écoute sans jugement et sans jamais minimiser son mal-être, reste le meilleur moyen pour aider votre proche à réaliser qu’il a le droit de parler de ce qui lui fait mal, de ce qui ne va pas, pour lui faciliter la conscience de sa situation… et accepter sa vulnérabilité.

Le non-jugement est une réelle invitation à parler de soi, à quitter une posture défensive. Il favorise considérablement l’expression libre, au contraire de remarques jugeantes qui augmentent la culpabilité et coupent la personne malade de ressources dont elle a vraiment besoin.

Petites astuces de communication pour éviter le jugement 

  • Remplacer les « pourquoi » par des « en quoi »

    Pourquoi travailles-tu si tard ? devient En quoi est-il important pour toi de travailler si tard ?
  • Parler en « je » plutôt qu’en « tu »
  • Renoncer aux « il faut », « tu dois » infantilisants et touchant à la dignité de la personne

    Et si tu essayais … ? Que penserais-tu de faire ceci ? 
  • Poser des questions ouvertes avec bienveillance

    Comment te sens-tu ? Qu’est-ce qui a changé pour toi depuis quelques mois ? Comment vois-tu l’avenir ? En quoi te sens-tu capable de continuer ?
  • Signaler votre besoin de recul si vous avez atteint une limite personnelle

    Comme je n’ai pas envie de devenir blessant(e)… je te propose, si tu es d’accord, que nous changions de sujet car je ne suis pas en mesure de t’aider pour le moment.

La valorisation de votre proche

Le burnout de votre proche est l’occasion de lui montrer qu’il n’est pas que l’image négative que son travail lui a donnée, en le valorisant, en le complimentant, si possible en public :

  • en tant que parent, ami ou simple personne. Rappelez-lui ce que vous aimez chez elle/lui
  • pour ses efforts à aller mieux, aussi petits soient-ils.
  • son implication dans votre couple, si vous êtes son partenaire, malgré sa situation.

Prendre soin de vous

Le chemin de guérison d’un proche en burnout exige que vous soyez en pleine possession de vos moyens pour avoir l’énergie nécessaire à long terme, tout en respectant vos limites et vos besoins.

La seule clé est détenue par la personne malade et par elle seule. Et nul ne sait quand le déclic va arriver. Le temps est donc une donnée incontournable. Le burnout de votre proche risque donc de vous confronter à votre impuissance et de mettre à mal votre couple ainsi que bon nombre d’autres relations.

« Prendre soin de vous » constitue en cela, un facteur critique de succès important car il vous aidera à :

  • Préserver votre propre équilibre, au besoin en vous faisant accompagner, pour vous éviter l’effet "boule de neige" du burnout, pour gérer vos émotions et le stress induit par la situation ;
  • Renforcer votre présence dans l’écoute, l’accueil et l’acceptation de la souffrance de votre proche, de ses pertes de repères, de ses nouveaux besoins, de sa transformation, …
  • Cultiver votre tolérance, votre positivité, vos capacités à ne pas prendre les choses personnellement même en cas de surréactions de votre proche, à faire de votre mieux en étant indulgent à votre égard, à remettre en question vos différents savoirs, acquérir les précieuses alliées que sont la patience et la confiance en l’avenir.
  • Donner l’envie à votre proche de vous suivre.

Quel rôle choisir ?

Votre rôle est celui d’une épaule stable sur laquelle votre proche peut s’appuyer, dans un environnement où le jugement et la pitié n’ont pas leur place. Il s’agit de soutenir votre proche malade, de l’accompagner vers le professionnel qui l’aidera à trouver un nouvel équilibre en accord avec ses valeurs, ses nouveaux choix de vie, ses talents et les contraintes qu’il choisira.

Votre rôle se limite à une présence neutre et bienveillante, à vos attentions, à la considération, au respect et à l’écoute que vous pourrez lui offrir. En aucun cas, vous ne pouvez prendre un rôle de thérapeute à son égard, quand bien même vous en seriez un.

Quelques actions concrètes

Au début, il vous faudra peut-être insister un peu car votre proche ne sera plus trop capable de choisir, de décider ou de reconnaître ses envies.

  • Montrez-lui les petits plaisirs de la vie à travers la nature, l’alimentation saine, les relations sociales et familiales ainsi que les bénéfices de l’exercice physique.
  • Encouragez-le à prendre du repos, à se ressourcer sans travail, ni téléphone. Soulagez-le des tâches qui l’épuisent et que vous pouvez assumer, au besoin en faisant appel à l’équipe.
  • Aidez-le à modifier ses habitudes : se coucher plus tôt, ne plus lire ses mails le soir, …
  • Installez une solidarité intrafamiliale de nature à réduire la culpabilité de votre proche malade et lui permettre de se consacrer pleinement à sa guérison en étant porté par la force des liens.
  • Aidez votre proche à se recentrer sur ses priorités. Posez-lui la question : qu’est-ce qui t'inciterait à te lever le matin avec plaisir ? Et quoi encore ? Quoi d’autre de plus important ? Et au moment opportun : quelle juste place souhaite-t-il accorder au travail, dans sa vie ?
  • Si votre proche refuse de consulter un professionnel, proposez-lui d’en parler autour de lui. En plus d’obtenir d’autres avis, il prendra conscience de son état d’une autre façon. Il peut aussi rejoindre certaines communautés sur les réseaux sociaux. Si les choses ne s’améliorent pas, fixer une date butoir.
  • Etablir des petits rituels avant le coucher avec votre proche, comme pratiquer ensemble des exercices de cohérence cardiaque ou de méditation de pleine conscience



Thierry DEROUA

Commissaire divisionnaire er

Trainer en attitude coachante

Praticien en Relaxothérapie ® - Accompagnement du Stress et du Traumatisme

®https://www.secunews.be/fr

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