Cambriolages : sécuriser les points faibles d’une habitation

Les vols dans habitation persistent : après une baisse exceptionnelle en période Covid, ils semblent en effet repartir à la hausse. Comment ne pas s’enliser dans une sécurisation aléatoire et peu effective ?

Se prémunir des vols, c’est avant tout une gestion des risques structurée en plusieurs phases ayant chacune des finalités bien précises et où le juste compromis s’avère le plus efficace.

© Pascal Pintsch

Le point de départ : comprendre la dynamique des vulnérabilités



Les risques de cambriolages sont tributaires de facteurs environnementaux (voies d'accès, cul-de-sac, etc.) et internes (habitation, corps du logis et annexes compris). Pour être effective, l’analyse des risques doit se faire globalement en tenant compte de l’articulation de chacune des fonctionnalités des pièces de l’habitation. Par exemple : un garage annexé, une terrasse surélevée ou sur un garage, une véranda favorisant l’escalade et l’accès au premier étage, etc.

Le plus souvent, les maisons à quatre façades sont ciblées en raison d’un plus grand nombre de failles potentielles facilitant le vol au niveau de l’intrusion primaire (périmètre/terrain) et secondaire (au sein de l’habitat) comme la présence de plusieurs fenêtres/portes latérales, de terrasses/jardin, d’annexes (garage) ou encore de saut-de-loup/soupirail et cour anglaise.



De plus, le périmètre extérieur d’une maison individuelle induit généralement plusieurs vulnérabilités. Fréquemment, il est constaté que les mesures préventives se concentrent sur l’accès principal (barrières, haies, arbustes, éclairage, etc.) et délaissent significativement les parties arrière et latérales du périmètre. Or, ce sont ces zones spécifiques qui sont le plus ciblées par les cambrioleurs. En effet, une fois que le cambrioleur s'est introduit dans la parcelle, les mesures de prévention de l’accès principal deviennent non seulement inopérantes mais, dans certains cas, peuvent faciliter davantage l’effraction et la fuite : c’est tout particulièrement le cas lorsque la végétation ou les clôtures/barrières trop hautes permettent aux voleurs de prendre leur temps, à l’abri des regards, et de s'éloigner ensuite par un arrière peu sécurisé. On constate en effet que les vagues de cambriolages dans un quartier se font bien souvent à travers l’arrière des habitations. A partir d’une première maison, les voleurs passent de parcelle en parcelle via les jardins, escaladant des obstacles généralement moins dissuasifs (murets, clôture, etc.).





Une gestion de risques pyramidale : faire attention, résister, avertir



Il s’agit tout d’abord de prendre de bonnes habitudes, ces conseils reposant principalement sur le bon sens sont les mesures organisationnelles : simuler une présence, gestion de clefs, fermer portes et fenêtres, etc.). Celles-ci sont actives et requièrent un comportement vigilant de la part de l’habitant.

Ensuite, vient le renforcement des points sensibles de l’habitation/parcelle. En matière d’intrusion, il est incontestable que les portes et fenêtres sont presqu’exclusivement les cibles des cambrioleurs. Outre les bris de vitres, les portes sont les plus concernées (bris de cylindre, points de verrouillage, charnières et pour les plus vétustes/en bois, la découpe ou défoncement). Les mesures mécaniques visent spécifiquement le renforcement de ces éléments vulnérables. Le but principal est d’opposer une résistance aux cambrioleurs et donc de retarder le plus possible l’effraction et non de l’empêcher.

En effet, un voleur parviendra dans tous les cas à ses fins s’il est déterminé. A ce titre, des classes de résistance à l'effraction (RC/ NBN EN 1627) des produits de construction existent et doivent être choisies de manière rationnelle (type de local à protéger, valeurs des objets, etc.). Généralement, la norme RC2 à RC3 s’adapte aux habitations standards.



Enfin, viennent les systèmes électroniques. Cela concerne aussi bien les alarmes et caméras que les dispositifs plus avancés de contrôle à distance et gestion intégrée telles que les installations domotiques. Il ne s’agit pas ici d’opposer une résistance physique à l’effraction, mais d’activer immédiatement des outils dissuasifs avisant l’intrus qu’il est détecté et d’initier une intervention externe afin de limiter les dégâts et l’intrusion du cambrioleur.

Au regard de ce qui précède, il est évident que la meilleure stratégie est la combinaison de ces mesures, tant d’un point de vue résultat qu’au niveau des coûts. Celle-ci s’appuie sur une analyse en entonnoir (de l’environnement, maison…, vers les pièces spécifiques) pour ensuite mettre en œuvre les mesures adéquates suivant le degré de vulnérabilité.



Sébastien DORMAELS

Licencié en criminologie

Avec la collaboration de Eric VALERIO, architecte, expert technique auprès du SPF Intérieur



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