Aborder un groupe de jeunes sans risquer l’incident

Entrer en contact avec un groupe de jeunes afin d’attirer l’attention sur un comportement inadéquat est fréquent dans le quotidien des policiers, des gardiens de la paix ou encore des travailleurs sociaux.

© asbl BRAVVO - Cyrus Pâques

Une première approche 

  • Dans la mesure du possible, il est utile de prendre contact avec les jeunes du quartier, de façon spontanée, afin de faire connaissance avant qu’un quelconque problème ne se pose. Cela permet de bien cerner la réalité de la vie du quartier, les habitudes et les difficultés vécues en rue. Une relation de confiance est la clé d’une bonne communication.
  • Il est important d’estimer l’âge du jeune avant de s’adresser à lui, afin d’adapter son discours. Infantiliser un adolescent ne pourra que l’irriter et ne permettra pas d’entamer un dialogue constructif.
  • Le respect réciproque est une clé importante d’une bonne communication entre des adultes et un groupe de jeunes. Le jeune sera plus compréhensif et plus calme s’il sent qu’il est considéré positivement. Il est important de saluer les jeunes, de les aborder en douceur en leur demandant comment ils vont, etc. avant de leur communiquer toute remarque ou demande.
  • Ne pas faire de comparaison entre un groupe ou un jeune, et d’autres jeunes de son âge en les pointant comme exemple à suivre. Cela ne ferait qu’attiser leur rivalité et leur énervement.



Éviter une posture d’adulte autoritaire 

  • Le sentiment de sécurité doit persister dans les échanges. En effet, le ton des adultes peut parfois être teinté d’agressivité, de mépris, ou encore de menaces, or le jeune doit se sentir dans une interaction sereine dès le début des échanges.
  • Si plusieurs adultes sont présents, il est essentiel de ne pas faire de remarques en aparté, ou de traits d’humour qui pourront être perçus négativement ou comme un signe de provocation à l’encontre des jeunes.
  • Montrer de la patience et de la compréhension. Ne pas directement menacer, vouloir faire peur ou sanctionner. Expliquer pourquoi l’adulte est là et pourquoi le jeune est en tort. Si un jeune ne se sent pas compris, il peut avoir plus d’animosité envers l’adulte.
  • Ne pas prendre personnellement les paroles ou les comportements agressifs que le jeune adresse à l’adulte. En effet, ce type de comportement est le reflet d’un mécanisme de défense et d’une immaturité psychique du jeune. Il confond agressivité avec assertivité et pense affirmer sa personnalité et son identité face à un adulte de cette façon.



Privilégier une attitude positive 

  • Faire attention au regard : ne pas fixer les jeunes, ainsi qu’au langage corporel : ne pas pointer du doigt. 
  • Ne pas tutoyer le jeune car cela sera perçu comme un manque de politesse. Parler avec bienveillance. Développer l’aspect humain et le dialogue de façon posée et polie versus de façon condescendante. Montrer un respect mutuel et une ouverture d’esprit tout en respectant le cadre légal. L’adulte peut se souvenir qu’il a lui aussi été jeune.
  • Ne pas porter de préjugé.
  • Conscientiser les jeunes en leur montrant la réalité d’une situation avec une posture objective et neutre : « Vous vous réunissez dans le parc pour passer un bon moment et au final on se retrouve avec des déchets partout. Imaginez que vous arriviez pour manger un bout ensemble et que le banc se trouve dans cet état : vous vous sentiriez comment ? ».
  • Parler en « je » afin d’obtenir leur collaboration : « Je voudrais vous demander quelque chose », « j’ai un problème avec ceci », « j’apprécierais que… ».
  • Responsabiliser les jeunes en leur donnant la possibilité de s’en tirer honorablement « sans perdre la face » en utilisant une communication indirecte : « Évitons qu’il y ait trop de déchets ici : vous n’oublierez pas de tout nettoyer avant de partir  ? ».
  • Formuler les choses positivement en n’évoquant pas ce qui est interdit mais plutôt en réfléchissant avec eux à des stratégies de résolutions de problèmes alternatives.
  • Rester centré sur le message principal à adresser. Ne pas répondre aux provocations.
  • Remercier les jeunes à la fin de l’échange et ne pas chercher à montrer que l’adulte avait raison.

 

Mélanie SAEREMANS

Psychologue- Psychothérapeute

Références :

https://www.cairn.info/revue-le-sociographe-2011-1-page-37.htm

http://weblex.brussels/data/annexes/uploads/pd202012021218136.1.3_dewulf_-_jeune_et_police_-_rapport_dfinitif.pdf_.pdf

Étiquettes